Les références antillaises

granpapoo
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Les références antillaises

Message par granpapoo »

La strate référentielle de la suite antilia <antilla < antilles, celle de l'ante-insula, de l'Île du Devant, sera examinée de deux façons :
Premièrement, relativement à l'Âge d'Or du mythe (VIII° siècle - XIII°siècle);
deuxièmement, relativement à la diaspora créole et notamment haïtienne.
Rappelons pour mémoire que l'ante-insula n'est pas pensée ici comme l'ancêtre latine de l'antilia portugaise mais plutôt comme sa contemporaine. Lorsque Pierre Martyr d'Anghiera écrit au pape en latin d'église, il fait référence à l'antilia de l'Âge d'Or qu'il propulse dans l'ère des (re)Découvertes.
Pour comprendre de quel Age d'Or il s'agit il faut regarder la péninsule ibérique du Nord au Sud et d'Est en Ouest. Il faut, dans un même mouvement, considérer l'influence de la civilisation musulmane sur cette péninsule : Dès le début du huitième siècle cette influence va se faire sentir, divisant la péninsule en deux zones : Au nord, la zone romane ou Galice, et au Sud la zone arabophone ou Espagne. Au plan linguistique cela a évidemment une influence considérable sur l'évolution des langues romanes ibériques. Une autre division va apparaître au niveau cette fois de la Résistance chrétienne (catholique) à l'islamisation : l'opposition entre la péninsule "atlantique" avec ses "Robins des îles" et leurs enfants "nés aux îles" ou "créoles" et la péninsule méditerranéenne avec ses "Robins des bois" et leurs enfants "nés dans le maquis". Dit comme ça, cela peut prêter à sourire mais au plan linguistique, il nous faut encore noter la différence entre le portugais et le castillan, puis surtout entre la langue portugaise et son alter-ego insulaire, plus latine : le créole portugais, le crioulo. C'est dans ce contexte que re-naît le mot crioulo "antilia" apparenté mais différencié du portugais "ante-ilha" ou "antilha". De sorte que dès le huitième siècle la langue créole exprime la résistance culturelle d'une population qui refuse d'être colonisée. Telle est la référence première de l'antillanité mais écrire au pape signifie universaliser son propos, un deuxième référent va donc prendre le relais (de la Renaissance à nos jours).
granpapoo
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Re: La référence antillaise contemporaine

Message par granpapoo »

La référence antillaise contemporaine est en construction.
Celle qui se situe dans le droit fil de la résistance culturelle s'affine notamment depuis la révolution haïtienne. Si une première république "noire" est proclamée c'est donc que les autres n'étaient pas aussi républicaines que ça, c'est donc que les autres républiques étaient "esclavagistes".
Celle qui se situe dans le droit fil de la résistance culturelle au colonialisme se perfectionne depuis l'oeuvre d'Aimé Césaire. La résistance qui passe par la négritude humaniste permet de relativiser l'humanisme autoproclamé de la Renaissance européenne. Si l'humaniste "noir" échappe à l'assimilation imposée c'est que l'humanisme autoproclamé n'est pas multicolore.
Barack Obama suscite, dans la sphère américaine le même type de réflexions, s'il est le premier président "noir" c'est donc que ses prédécesseurs étaient "blancs" !
Autrement dit, le verdict que la géosophie (sagesse de la Terre) antillaise adresse tant à la laïcité, qu'à l'humanisme et à la religion "mère et vierge", c'est à dire "katholikos", c'est de ré-interroger la religion et la science de manière à pointer du doigt un manque, voire un manquement, c'est d'ouvrir les yeux et les oreilles sur l'histoire, la géographie, la vie réelle des gens abandonnés comme des chiens par l'American Way of Life. C'est de comprendre que le "noir" n'a jamais été une couleur mais une condition, et que cette condition sociale ne se réclame pas d' une liste de revendications mais d'une famille de cultures, d'une famille recomposée d'identités métissées en devenir.
Le vin nouveau de l'évangile fait éclater les vieilles outres. Le rhum nouveau de notre amour de la Planète Bleue fait exploser les vieilles barriques. L'éthique nouvelle restructure les vieilles morales. Elle réinvente l'universel.
Mais qu'est-ce qui est "universellement éthique" sinon la défense de la nature et la construction de la paix ? C'est cette conscience que nous appelons la dimension multinaturelle de l'antillanité.
Deuxièmement, charité bien ordonnée commence par soi-même. La résistance culturelle promue par Aimé Césaire ne pouvait éternellement ignorer la revendication créole "françoise" ( dite "à base lexicale française"). Mais quelle revendication promouvoir ? Celle du sectarisme, du repli sur soi ou , au contraire, celle de l'unification autour du créole haïtien. Koïniser, mutualiser, dialectiser, valoriser le créole commun. C'est ce que nous pourrions appeler la dimension multiculturelle de l'antillanité.
Troisièmement, dans le tout premier théâtre antique grec , c'est sur l'avant-scène et non sur la scène que jouaient les acteurs. L'antillanité nouvelle est l'avant-scène culturelle de la défense de tous les environnements et de la défense de toutes les cultures. C'est la dimension multinati/multiculti d'une antillanité trilingue : créole, françoise et anglophone.
La refuser parce qu'on ne parle pas créole ou pas anglais serait sans doute irresponsable. Déjà les Haïtiens de Montréal commencent à la vivre. Déjà toutes les diasporas créoles semblent attirées par cet espoir. La vie est ailleurs aurait dit Rimbaud et Milan Kundera... et moi,
et pourquoi pas vous ? ANN ALE !
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