sur la façade des murs des maisons

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kelita
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sur la façade des murs des maisons

Message par kelita »

Des graffitis, des images, des visages sur
la façade des murs de ces maisons situées
Dans les rues du quartier de Bel-Air
Occupé par les bandes armées.

A la rue Saint Martin
Sur la muraille de l’Asile Communal,
Le visage de Cheguevara, de Castro, de Nelson Mandela
De Dessalines, un de nos héros,
Père de la Patrie,
À ses côtés le bicolore en noir et rouge
Le bleu étant enlevé.
On ne sait pourquoi.

Noir et rouge, bleu et rouge,
Tout un dilemme !
Une énigme à résoudre
Dans l’histoire de la naissance du bicolore,

A savoir quelle couleur adoptée,
Est-ce le bleu ou le noir
Dans nos revendications,
Dans nos soi-disant révolutions.

Des peintures, des fresques aux couleurs vives et sombres
Faites par Bungy, un célèbre peintre,
Un fresquiste connu, renommé, assez populaire parait-il,
Payé par ceux-là qui se sont érigés
Dans les rues de ce quartier
En véritables autorités,
L’Etat étant absent.

Passant par la cour prizon fanm
Qui débouche sur la ruelle A. Césaire,
En descendant plus bas, des images grotesques :
Sur un mur le dessin d’un personnage fantôme
En costume de cirque, sans tête, n’ayant pour tête
Qu’un sac amarré rempli d’argent
Le signe du dollars inscrit dessus.

Sur l’autre mur d’une maison,
Le visage du Joker.
De l’autre côté de la rue du Centre prolongée jusqu’en haut
Après la traversée de la rue des Remparts,
Sur la façade peinte en rose d’une autre maison en bois,
Le visage horrible de Chucky, cette méchante poupée
Au visage fragmenté.

Des images, des visages sorties de ces films d’horreur
Passés à la télé et qu’un a aussi l’habitude de voir au cinéma.

Dans cette même ruelle prenant la courbe, au tournant
D’un coin, le visage de Frank Etienne, un Bel-Airien, peintre
Homme de théâtre, dramaturge, un brillant écrivain
De renommée internationale
Qui se fait vieux
L’âge semble en prendre le dessus,
Le dessus d’une jeunesse pourtant plus jeune que lui,
Qui sans doute l’admire,
Peut-être aussi qu’ils auraient bien aimé le suivre,
Le prendre pour modèle.
Mais malheureusement la vie ne leurs ont pas
Laissé le choix,
Le choix de choisir entre le savoir,
L’intelligence et le banditisme.

Et cette phrase-là inscrite au bas
De la façade de cette maison à côté de l’image de Thomas Sankara :
<FÈL AK TOUT KÈW>
Mais ce verbe < faire>
A quoi font-ils allusion en écrivant cela?
Que faire? Quoi faire? Comment le faire?
Dans quelle condition le faire?
Et le cœur, peut-il s’entrainer à faire n’importe quoi
En n’importe quelle circonstance?

De l’autre côté de la rue A. Césaire,
A la rue des Remparts,
Le kiosque appelé aussi lieu du calvaire,
Situé face à la rue du Peuple,
Ou l’on y trouvait là, il fut un temps,
Une grande croix dressée.
Au-dessus de la croix, le coq
Tous, des symboles de la passion du Christ.
Des fidèles disait-on y venaient, se rassemblaient en foule
Pour l’exercice du chemin de croix.
Tout cella fut enlevé, tout a disparu,
Il ne reste plus que la claire-voie de la croix
Sur laquelle était attachée la grande croix en bois.

Sur le mur au fond du kiosque,
Le dessin du visage de Manilo,
Un jeune chef appartenant à la bande
Qui fut fusillé.
Le kiosque ainsi occupé bien avant
le déclenchement de ces évènement,
Ils s’’en servent pour organiser des programmes de nuits,
Des cérémonies funéraires pour de jeunes
Gangsters tués lors des affrontements
Les opposant à d’autres camps.
Sur le mur, devant le kiosque, on y voit inscrit
En grandes fresques < CHEF PIM PIM>,
Des images d’armes à feu, un projectile, une grenade et une épée
Dont sur l’autre tranchant à droite
Se dessine une rangée de trois balles espacées
Des jeux de cartes.

Sur les autres murs des visages
D’hommes et de femmes camouflés, à moitié couvert,
L’une d’entre elles, la tête couverte
D’un bonnet fait en crochet,
Grinçant les dents, pointant,
Tirant, montrant leurs armes.

De retour à la rue Saint Martin,
Un autre slogan inscrit sur la façade d’un container gris
Déposé au travers de la rue
Pres de la muraille de l’Asile : <YON LOT LAVI>.
Mais quelle vie ?
Une vie offerte à bas prix, à gros prix, à vil prix, téléguidé
Quelque part, menée à bâton rompu, tambour battant par G9
Ainsi fédéré ayant à sa tête
Un fils de la patrie révolté,
Un ancien policier dit-on
Par le national et l’international recherché.
Un hors la loi avec sa bande ainsi déclaré.

Dans ces images, à travers ces visages,
Tout se dit, tout s’explique, tout s’exprime, tout se mélange,
Dans ces peintures qui déranges
Au milieu de cette insécurité qui démange.
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