Connaissance deMarie Vieux-Chauvet à travers René Depestre

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kelita
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Connaissance deMarie Vieux-Chauvet à travers René Depestre

Message par kelita »

Il y a de cela quelques années à l’occasion de la commémoration du centenaire de Jacques Roumain (1907-2007), j’ai écrit un texte portant le titre de : « Roumain que je ne connais pas », texte que j’avais publié sur certains sites sur internet. Mais pourquoi j’ai donné ce titre à ce texte ? C’est qu’effectivement je ne connais pas Jacques Roumain, tout simplement pour ne l’avoir pas, étant à l’école, en classe secondaire, étudié comme tous les autres auteurs qu’on nous enseignait dans la littérature haïtienne. Ceux et celles qui ont eu comme moi l’opportunité d’avoir fréquenté l’école à l’époque où j’y étais, au Lycée Jean Jacques Dessalines, où j’ai d’ailleurs terminé mes études classiques, me donneront raison si j’affirme que bon nombre des écoliers haïtiens et même aujourd’hui encore n’ont eu à faire connaissance en classe à nos auteurs contemporains, de ce fait, ils ignorent la totalité des œuvres qu’ils ont écrit et publié.

Habituellement en ce qui a trait à la littérature haïtienne et française, puisque les deux sont enseignées parallèlement à l’école, dans le programme, on n’enseigne à l’écolier haïtien que les auteurs de l’époque du 16 ème, 17ème et 18 ème siècle, ainsi que les courants littéraires auxquels ils ont appartenu. En ce sens pour la littérature française, on nous enseigne des auteurs comme : La Fontaine avec ses fables, Rabelais, Corneille, Montesquieu, Malherbe, Voltaire, Jean Jacques Rousseau, Boileau, Ronsard, Victor Hugo, Lamartine, Du Belay pour ne citer que ceux-là. Pour la littérature haïtienne on étudiera : Oswald Durand et son fameux Choucoune, les fables de Jules Solume Milscent, les œuvres de Demesvar Delorme, les romans les plus connus de la Génération de la ronde écrits par des auteurs comme : Fernand Hibbert, Fréderic Marcelin, Coriolan Ardouin. Et là encore, ce ne sont pas tous les œuvres en entier qui sont enseignés mais un fragment, quelques exemples donnés. Pour les autres œuvres, le maitre se contente tout simplement de donner en passant quelques explications puisqu’ils ne sont pas prévus dans le programme.
Comme je l’ai affirmé dans le texte, je ne connais pas Jacques Roumain, du moins pas totalement, car je n’ai pas eu la chance de l’étudier, de posséder toutes ses œuvres. Si j’en viens à le connaitre en partie, ce n’est qu’à travers son œuvre « Les gouverneurs de la rosée » œuvre que tout le monde apprécie et que pour ma part j’apprécie beaucoup qui est d’ailleurs, à côté d’autres ouvrages assez importants qu’il a écrit, a fait plus d’écho et plus connu aussi des écoliers haïtiens, je dirais de certains écoliers haïtiens, puisque le ministre de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle sous le gouvernement de l’ex président de la République Monsieur Michel Joseph Martelly, lors d’un programme visant à encourager la lecture chez les jeunes écoliers haïtiens, avait donné des versions rééditées de cet ouvrage à certains écoliers issus de certains établissements scolaires de la place. Moi, j’ai eu la chance de regarder le film sur la chaine 8 et cela fait très longtemps, je dirais vers les années 80. La TNH en avait cette habitude de passer ce film que j’aimais beaucoup regarder, et cela fait plus de 3 ans, je me suis acheté un exemplaire de l’ouvrage chez l’un des bouquinistes installés sur les trottoirs sur la route de Delmas. J’ai termine la lecture depuis bien des temps et j’en éprouve une bonne satisfaction et cela m’a permis de réfléchir un peu et cette réflexion m’a poussé à écrire quelque chose sur cet ouvrage, texte qui est en préparation.

A part Roumain et d’autres auteurs dans la littérature haïtienne contemporaine que je ne connaissais pas et que je cherche de plus en plus à connaitre à travers leurs œuvres, même si je ne suis pas encore au stade de me procurer leurs ouvrages, il y en a d’autres que si j’en viens à les découvrir, pour ensuite apprécier leur travail, ce n’est qu’à travers certaines émissions culturelles diffusées à la radio ou à la télévision ou en faisant la lecture des œuvres écrits par d’autres auteurs, c’est ce qui m’arrive souvent surtout ces derniers temps où j’ai renoué avec cette habitude que pendant un certain temps j’avais mis de côté, de me rendre dans les bibliothèques pour faire des recherches, lire un peu, découvrir des auteurs haïtiens et étrangers, feuilleter aussi les pages des journaux qui contiennent beaucoup d’informations. C’est alors que la semaine dernière, je suis tombée sur une des publications du journal LeNouvelliste paru en date du vendredi 16 septembre 2016, no 39802, où est rapporté un article assez intéressant qui est un temoignage de l’écrivain René Depestre, témoignage recueilli par le journaliste Louis Philipe Dalembert. Le texte inscrit en première page du quotidien porte le titre : « Marie Vieux-Chauvet aurait cent ans ce vendredi, René Depestre témoigne. » Dans cet article, l’écrivain René Depestre nous parle de cette grande dame au grand caractère que fut Marie Vieux-Chauvet, il nous expose ses traits, son caractère, nous donne une idée de la personnalité de cette fille d’Haïti, tel qu’est titré un de ses livres parmi les sept titres présentés en la page 9 du journal qui sont présentés aux lecteurs qui pourront les découvrir, les consulter et au travers de ces ouvrages découvrir un peu plus qui était cette dame à l’esprit ouvert, au caractère assez sympa, comme l’a décrit René Depestre dans ses propos.

Malgré issue de la classe aisée de cette époque marquée par les préjugés de couleur, où était banni tout contact entre mulâtres et noirs, Marie vieux-Chauvet, la femme à la peau clair qu’elle était, a su dépasser l’esprit de son temps, elle a su de par sa pensée et son comportement, renverser cette barrière raciale pour se perdre dans la mêlée, où seuls ceux qui sont munis d’un total esprit de liberté, ceux qui sont capables de voir, de sentir autrement, de pouvoir opérer ce changement de mentalité, ont accès libre de produire le beau, d’être inspire par le vrai. Marie vieux- Chauvet s’était refusée de s’enfermer dans ce cercle vicieux des préjugés de classe pour s’ouvrir aux autres, à René Depestre qui en est venu, grâce surtout à son œuvre, « Etincelle » qu’il a publié, qui a été bien reçu et qui fut apprécié par Marie, à la côtoyer de plus près, la connaitre, l’apprécier pour son savoir, son ouverture, son attitude à considérer les autres pour ce qu’ils sont, à les accueillir. René qui venait de la classe moyenne, enfant de la masse, la voyait autrement, totalement différente, vraiment cette dame a dépassé l’esprit de son temps, son imagination voguait dans une autre dimension où elle s’est appliquée à la rapporter merveilleusement dans ses œuvres au gré de son inspiration, dans le profond courant des sentiments qui l’anime comme un transport de l’imaginaire au réel.

A moi qui ne connaissais pas Jacques Roumain et qui en venait à le connaitre à travers son œuvre « Les gouverneurs de la rosée », j’ai découvert Marie Vieux- Chauvet par ce témoignage de René Depestre que je considère comme l’une des icônes de la littérature haïtienne contemporaine à côté d’autres que je cherche de plus en plus à connaitre comme : Rene Depestr lui-même, Dany Lafferiere, Gary Victor, Kettly Mars, Franck Etienne, Lyomel Trouillot, Georges Castra, Yanick Lahens, Emmelie Prophete etc et d’autres jeunes auteurs qui de nos jours produisent beaucoup et qui, malheureusement ne sont pas connus. Je dirais en passant qu’il est important qu’on enseigne dans nos écoles haïtiennes ces auteurs, permettre aux élèves de pouvoir faire connaissance avec leurs œuvres, je ne dis pas que les œuvres des anciens auteurs de l’école patriotique, de l’école indigéniste, de l’époque des Griots et de la Génération de la ronde ne sont pas importants, ni également les autres auteurs de la littérature française qui ont marqué leur temps et qui ont, grâce à leurs écrits, contribué à l’avancement tant social, politique, économique et culturel de la société auxquelles ils ont appartenu et aussi à l’avancement de beaucoup de sociétés car les idées, les réflexions qui ont traversé ces œuvres ont permis à beaucoup de gens de construire leur propre réflexions, de mieux analyser la portée des choses. Ces œuvres sont passés de présentation, ils ont fait leur temps et le temps même en cet instant précis ne s’en lasse jamais de toujours être porté par l’envie de tirer dans les rayons des livres bien arrangés dans les bibliothèques ces titres aux fins de les ouvrir pour les consulter et en acquérir le maximum de savoir.

Comment ne pas brûler d’envie de consulter les œuvres de Frederic Marcelin, Coriolan Ardouin, Oswald Durand, Jules Solume Milscent, Fernand Hibbert, etc. et comment ne pas apprécier dans cette littérature française les œuvres de Jean Jacques Rousseau avec son fameux Contrat Social, de Montesquieu avec son célèbre Esprit des lois, des idées de Voltaire, et de l’une de ces grande dames Simone de Beauvoir. Des idées, des réflexions, des œuvres qui sont connues de tous que plus d’un mentionnent encore aujourd’hui dans leurs discours, qui font siennes les idées et les pensées qui émanent de ces écrits, comment ne pas parler des jolies fables de La Fontaine à travers lesquelles tant d’exemples sont tracés, tant de leçons de moralité sont dégagés ; mais je pense que ces œuvres devraient être classés comme des documents que les jeunes écoliers pourront consulter et que l’enseignement de la littérature de nos jours devraient un peu plus s’occuper à enseigner à nos élèves les auteurs contemporains d’ici et d’ailleurs qui de jour en jour produits des œuvres appréciables. A part les écoles congréganistes qui se sont organisées en ce sens et certains autres établissements scolaires, il y a encore bon nombre d’écoles qui ne se sont pas données la peine de faire cet effort et ceci n’est autre que le fruit de notre système éducatif moribond d’après les dires de plus d’un, qui ne cesse d’inculquer à l’élève une éducation qui ne reflète nullement la réalité de notre époque où tout évolue, les formes de pensées aussi. La majorité des jeunes haïtiens sont dans l’ignorance totale de ces auteurs que nous venons de citer, je parle pour ceux-là qui ont fréquenté et qui fréquente encore l’école,

Puisque à l’école, comme je viens de le mentionner, on ne les enseigne pas, et dans les établissements qu’ils fréquentent, pas de bibliothèque pour consulter les ouvrages, ainsi la pratique qui veut que l’élève aille plus loin que son maitre, pousse l’élève haïtien assoiffé de savoir à aller faire des recherches en la bibliothèque qui se situerait en un endroit assez éloigné de chez lui pour lire, découvrir les auteurs, former son esprit, construire sa pensée. Si moi, j’en viens à entendre parler il fut un temps d’un Lobo, d’un Philoctete, d’un François Latour tous morts et d’autres encore, comme il en fut hier d’un Willems Edouard assassiné et dont une soirée d’hommage fut organisée par les organisateurs de l’émission café philo sur la chaine 22, tous ces poètes et écrivains contemporains disparus, que personne ne connaissait, si ce n’est qu’ en des occasions qu’on en parle, comme ce centenaire de Marie Vieux-Chauvet, que je ne connaissais pas, elle- même aussi déjà morte il y a des années , ou bien dans des activités culturelles organisées par certaines organisations ou institutions étatiques travaillant dans le domaine comme : Les activités de la DNL, les caravanes du livre, les foires du livre qui se font de partout, Livre en folie, FILHA.. Ces activités qui sont organisées en des centres culturels, des salles de spectacles et des bibliothèques tant en la capitale que dans certaines villes de province où des auteurs de divers horizons sont mis à l’honneur, tout cela pour permettre aux jeunes de cultiver chez eux le gout de la lecture, sans cela ces jeunes écoliers et étudiants haïtiens issus en grande partie de la classe défavorisée n’auraient pas la chance de connaitre ces auteurs ainsi que leurs œuvres. Et j’en profite pour saluer en passant les organisateurs de ces activités et je les encourage à continuer. J’en profite également pour dire, qu’il nous faut dans ce pays apprendre à honorer les gens de leur vivant et non attendre qu’ils soient morts pour les rendre hommage. En ce sens je salue bon nombre d’institutions qui depuis quelques temps se sont données pour tâche d’organiser des soirées d’hommages pour des artistes, des peintres, des écrivains, des musiciens, des journalistes etc, des gens issus de divers horizons qui ont fait leur nom dans leur domaine respectif. Il nous faut partir à la recherche des talents cachés, il y en a tellement dans ce pays, aider les jeunes à produire, les encourager à meubler leur esprit ne sont-ils pas d’ailleurs l’avenir de ce pays qui de jour en jour va de mal en pis ? Il nous faut les permettre de se découvrir, de s’ouvrir à la connaissance, au savoir qui permet à l’humain de s’épanouir, se construire en tant que tel.

Je pense qu’il est bon de former aussi nos maitres, les doter d’outils nécessaires pour qu’ils soient à même de bien former les élèves. Vu la situation économique précaire qui sévit dans le pays, beaucoup de jeunes ne peuvent se procurer les ouvrages de ces auteurs bien qu’ils en aient envie. Il faut donner aux jeunes les moyens de se procurer les livres. En chaque école privée ou publiques mettre des bibliothèques, pouvoir créer une proximité entre les livres et les jeunes écoliers. L’œuvre étant une partie de l’auteur, on peut ne pas connaitre de visage l’auteur, mais son œuvre peut nous en témoigner de ce qu’il / elle est, ce qu’il / elle était, son caractère, sa personnalité, ce à quoi il ou elle aspirait.
Et une fois encore, j’ai eu l’occasion, à travers le témoignage de l’écrivain Rêne Depestre, de lier connaissance avec Marie Vieux-Chauvet, cette fille d’Haïti qui, les pieds nus, a exécuté ses pas de danse sur le Volcan à Fonds des Nègres, qui ressentant la rage conte ces Rapaces s’est courageusement débattue entre Amour, Colère et Folie, ces sentiments qui créent en nous ce lien qui nous maintient fidèlement aujourd’hui encore en parfait Amour avec Marie.
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