Ce que Darcos pense des créoles

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taban
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Ce que Darcos pense des créoles

Message par taban »

J'entretiens un lbog sur la la langue occitane. A ce titre j'ai lu un ouvrage collectif qui rassemble des actes d'un colloque qui s'est tenu à Périgueux en 2001. Darcos qui était maire de cette ville y est intervenu. Ce qu'il dit des créoles est ahurissant, et personne ne semble l'avoir relevé jusqu'à présent (le livre en question à en juger sur la toile, ne semble avoir guère fait parlé de lui).
Je vous copie ici le passage de mon article qui cite et résume l'exposé de Darcos :

Où l’on découvre l’idéologie linguistique d’un ministre de l’Éducation Nationale

L’exposé de Xavier Darcos (« Quel statut pour les langues régionales dans le système éducatif français ? »), quant à lui, est assez ahurissant. Il s’agit d’une sorte de conversation à bâton rompue, sans doute saisie à partir de l’enregistrement, très verbeuse, frôlant parfois l’incohérence et trahissant plus d’une fois une connaissance plus qu’approximative du sujet . Ce Discours, tout en portant l’occitan au pinacle, vise en substance à montrer qu’en matière d’éducation au moins, on ne saurait faire pour lui ce qu’il mériterait. En effet – logique imparable – il faudrait alors en faire autant pour des langues qui lui sont de beaucoup inférieures ! Car Darcos ne doute nullement qu’il existe une « hiérarchie » entre les langues, et il n’hésite pas à utiliser d’ailleurs le terme : « J’ai commencé par l’Occitan en le mettant en haut de la hiérarchie, une déférence hiérarchique ». Donc, fort de ces hiérarchie, un homme de bon sens aura envie de dire : « Va encore pour les langues d’Oïl, le Provençal [qui n’est donc pas de l’occitan pour Darcos ?], l’Alsacien et le Mosellan », mais « ça se complique évidemment lorsque l’on va vers des langues qui sont quasiment autochtones [sic !], des langues en particulier des régions, territoires ou départements français qui sont lointains, où là, il n’y a ni écriture, ni transmission orale claire ». Ni transmission orale claire : les territoires d’outre-mer, qui ont fait entendre dans les semaines passées leurs revendications économiques mais aussi culturelles, apprécieront… « Je pense en particulier à toutes les langues créoles de Guyane qui sont une grande difficulté pour que l’administration arrive à s’y repérer, particulièrement le créole, où l’on trouve des bases lexicales anglo-néerlandaises qui se sont compliquées de Portugais et d’Anglais… » (p. 171). La description n’est guère claire, ni soignée, on en conviendra, mais le créole mérite-t-il mieux pour notre inspecteur ? Fier d’avoir eu à inspecter la Guyane, comme il le dit, remontant le fleuve Maroni, il revint cependant de son voyage effrayé par ce qui lui apparut une belle cacophonie linguistique, d’où, explique-t-il, le « désarroi dans lequel se trouve l’enseignement primaire guyanais », non pas pour enseigner toutes ces langues barbares, mais – rassurons-nous – le français seul ! Il est pour le moins étonnant de retrouver pour la Guyane, dans la bouche d’un inspecteur appelé à devenir Ministre de l’éducation, les propos que l’on tenait jadis pour les campagnes françaises. Le mépris, à peine voilé pour ces lambeaux de créoles et autres parlures « quasi-autochtones », vaut bien en effet celui que le mot de patois suffit à évoquer.
L’occitan, nous explique l’alors maire de Périgueux, certes, ce n’est pas pareil ! « On a là un appareil littéraire, un appareil critique, une histoire, des cours, des seigneurs, des troubadours, une histoire littéraire qui fait que l’on peut dire : « Écoutez, lorsque l’on voit ce qu’est l’occitan, pourquoi ne serait-il pas intégré dans l’éducation française ? »». C’est raisonner sans compter avec tous les autres prétendants, pour inférieurs qu’ils soient ! Car voilà, si l’on dit « va pour l’Occitan, va pour le Mosellan, pour les dialectes Rhénans, il faut aussi dire, va pour les langues mélanésiennes, va pour les langues Guyanaises » (p. 171). Et alors, vous vous rendez compte ? – Pas très bien, mais d’autres que moi auraient eu tôt fait de crier purement et simplement au racisme ! Enfin, on aura compris qu’il s’agit de fournir des arguments pour justifier la création du moins de postes possibles en occitan, comme dans les autres langues, y compris par l’invention d’hypothèses absolument spécieuses : « Si demain au collège de Périgueux ou de Marmande, un élève demande à faire l’option lourde, à la place de l’espagnol faire le choix du breton ou d’une langue mélanésienne, nous aurons certainement des difficultés à trouver un professeur qui viendra assurer cet enseignement pour lui ». Mais voilà, il apparaît en gros que c’est la même chose pour l’occitan… en Occitanie même ! Notre limousin en est un brillant exemple. On ne peut tout de même pas généraliser l’offre et créer des sections en veux-tu en voilà ! Enfin, et je n’invente rien, notre politique se félicite de ce que, fort heureusement, l’on n’est pas ici dans la même situation que dans certains départements et territoires d’Outre-mer : là bas « il y une revendication politique extrêmement forte » [on s’en est encore aperçu, en effet !] : « Imaginez que vous disiez : en Guadeloupe, à partir de maintenant, on enseigne plus les langues créoles, vous repartiriez roulé dans le goudron et les plumes ! Nous sommes en face de quelque chose qui appartient à l’identité, à l’histoire, d’une manière tellement uniforme, unanime, qui organise tellement la pensée politique, l’idéologie locale, qu’il est hors de question d’y toucher » (p. 176). Donc, amis des langues de France – c’est le pouvoir même qui vous en fait la leçon – vous ne serez jamais entendu si vous ne politisez pas vos revendications ! Et s’il est un ministre qui a bien mérité le goudron et les plumes, c’est bien Darcos, et pas seulement pour sa politique en matière d’enseignement des langues ! Il est d’ailleurs assez étrange de se dire que l’on lutte depuis neuf semaines bientôt contre un adversaire au discours aussi misérable, qui n’est même pas à la hauteur de son cynisme.

l'article en entier http://taban.canalblog.com/archives/200 ... 85450.html

cordialement,
JP C
granpapoo
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Re: Ce que Darcos pense des créoles

Message par granpapoo »

Merci pour ces infos. En tant que Créole ce que je pense c'est que nous devrions traduire "Jacquou le Croquant" en créole. Cela donnerait quelque chose du genre "Tijan Nègmawon" et cela permettrait aux créolophones d'apprécier l'oeuvre d'Eugène Leroy. Quant à la culture des troubadours c'était une civilisation de l'Amour qu'ils écrivaient AMOR ce qui signifiait explicitement qu'elle s'opposait à la culture dominante, celle de Rome, qu'ils écrivaient ROMA. Je pense que cela non plus ne devrait pas déplaire aux créolophones ! Et comme j'aime bien rajouter mon grain de sel, je suggère que nous remplacions le sempiternel OK par OC (ÒK en créole dans le texte ! !).
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