“Vedrine committed to bridging language gap”

granpapoo
100 Posts
100 Posts
Messages : 147
Inscription : mercredi 06 juillet 2005 18:34
Localisation : france métropolitaine

créoléoduc 1

Message par granpapoo »

Granpapoo veut construire un "créoléoduc" pour relier la Martinique et la Guadeloupe(1)
En réponse à l'enthousiasme de Kounta et à ses félicitations dont je le remercie très humblement, je voudrais rédiger une série d'articles de nature, et c'est là toute la difficulté, à ne pas trop décevoir les uns sans trop choquer les autres. En serais-je capable ? Je l'ignore ! Mais je sais que je souhaite qu'un vrai débat s'engage sur la graphie créole dans le respect de tous et de chacun "Rèspe man ka mande, rèspe ba pèp-mwen, rèspe ba peyi-mwen"
Vedrine says "Our generations are disconnected and we need to learn how to unite." I agree with him. But i think that "our creoles are disconnected too and we need to learn how to unite" them. I advise "From each other is where we draw our strengh". For example Martiniquean and Guadeloupean creoles could be stronger together. "That is what I hope to teach society with my work."
Ce que j'appelle, avec une pointe d'humour un "créoléoduc"répond non seulement au besoin de détendre l'atmosphère mais aussi et surtout à celui de faire oeuvre utile. Nous avons besoin d'une sorte de pont, de passerelle pour relier tous les créoles, à commencer par le créole martiniquais et le créole guadeloupéen.
"The energy to make a difference is already within us". C'est pourquoi je pense que ceux qui ressentent le besoin de modifier la graphie créole ne doivent pas viser un conflit des graphies mais au contraire partir de ce que la graphie GEREC-F a autorisé de plus beau, de plus salutaire dans une perspective unitaire.
Ma première proposition sur le chemin de la réforme graphique sera, paradoxalement, d'appeler les internautes créolophones à consulter le travail magnifique d'un Martiniquais (Raphaël Confiant) et d'un Guadeloupéen (Serge Colot) sur notre site préféré POTOMITAN ! Je convie donc chacun à consulter leur excellent et indispensable "dictionnaire des néologismes" dont j'extrais l'entrée suivante :
"Palantjé (M) Palanké (Gp) Redresser
Ki moun adan nou ki paré pou palantjé sitiyasion-an ?
Qui parmi nous est prêt à redresser la situation ?
Palantjay (M) Palankaj (Gp) Redressement
Yo tout goumen pou palantjay lantoupriz-la.
Ils se sont tous battus pour le redressement de l'entreprise."

Avouez que ce simple article est tout un programme !
(A suivre...)
granpapoo
100 Posts
100 Posts
Messages : 147
Inscription : mercredi 06 juillet 2005 18:34
Localisation : france métropolitaine

créoléoduc2

Message par granpapoo »

Granpapoo veut construire un "créoléoduc" pour relier la Martinique et la Guadeloupe(2)
Si notre objectif premier est de "palanquer" le créole et si notre objectif second (mais pas secondaire ! ) est d'amender la graphie proposée par Jean Bernabé, dans l'espoir de favoriser l'unité créole et le trilinguisme, alors comme nous le proposions précédemment, le recours au 2000 néologismes est un must !
Le travail de Raphaël Confiant et Serge Colot est remarquable pour au moins quatre raisons :
a) Il est disponible gratuitement sur la toile : Ce qui en fait un outil au service de la Communauté Créole.
b) Il représente comme un thermomètre de la vitalité du Créole qui gagne ainsi ses lettres de noblesse parmi les langues "bien" vivantes.
c) Il est l'oeuvre commune d'un Martiniquais et d'un Guadeloupéen, à partir d'une même graphie et d'une même démarche, ce qui est plus que positif.
d) Enfin, il est l'outil indispensable pour quiconque souhaite traduire l'anglais ou le français en créole martiniquais ou guadeloupéen.

Mais il y a un mais...car ce merveilleux travail autorise, bien malgré lui, deux lectures contradictoires :
- la première, en apparence disciplinée et laudative, se révélera à terme consumériste et passive (nous verrons pourquoi)
- la deuxième, en apparence plus critique, est en réalité plus authentique, plus active et "co-créative" que la première.

Je veux dire par là qu'il est très facile de cliquer sur le"e" et de lire "essai" pour découvrir la traduction"katjilaj". Mais que dès que l'on se trouve amené à traduire "anthologie" c'est la cata ! Alors on utilise "antoloji" !
La démarche "co-créative" consiste, au contraire, à congédier "anthologie" qui ne parle pas à l'âme créole pour lui préférer "florilège" et à conduire l'enquête étymologique pour apprendre que "florilège" exprime mot-à-mot une certaine façon de lier les fleurs d'où le mot "flèlyannay".

La deuxième proposition est donc d'adopter face au travail créoliste une attitude active et créative. D'où l'entrée suivante :
"Palantjé (Nina) Palanké (Gwada) Redresser
Ki moun adan nou ki paré pou palantjé sitiyasion-an ?
Qui parmi nous est prêt à redresser la situation ?
Palantjay (Nina) Palankaj (Gwada) Redressement
Yo tout goumen pou palantjay lantoupriz-la.
Ils se sont tous battus pour le redressement de l'entreprise."

(Le combat continue...)
kounta
Moderator
Moderator
Messages : 75
Inscription : lundi 19 février 2007 03:50
Localisation : Lakarayib

Message par kounta »

Kreyoleodik sé an bon zafè ti frè.
Si Mano Vedrine ka jwenn nou, sa ké obidjoul toubonman. Dépi plizyè lanné an ka goumen pou linité kreyòl nan Lakarayib, linité grafik. Sa bèl menm.
Ou ka palé di Rafayèl Konfyan. Mwen pwomèt pa fè polémik asou fowòm la. Sèl bagay man ké di'w:
Mandé'y ki politik li asou grafi a. Man pé di'w ki sé li épi Jan Bernabe ki lkréyé grafi Gerec 2. Ès ou konnèt grafi tala byen kon i fo?
Mwen ka palé di sé boug tala davwè ou nonmen yo. ( Colot èk Confiant).
Ès grafi Gerec 2 matinitjé ké pèmèt an linité grafik? Ès ou li liv Bènabé Jan?
Lidé épi pawòl bèl men nou ké jwenn pwoblèm padavwè i ni Matiniké, ni Gwadloupéyen ki lé défann kreyòl péyi yo san bokanté anyen épi ta lé zòt.

Parapòt a néoloji oben monèf, fè atansyon. Kon man ka di sé pèp-la èk moun ki ka sèvi lang-la ki ké validé an monèf.
Lè ou ka fè pwézi, ou pé fè kréyasyon monèf, davwa ou ni libèté lespri wototo nan fétay lenspirasyon. Sé épi pwézi nou ké pé voyé lang douvan douvan. Pwézi ka fè nou santi tout fonfonn lang lan.

"C'est pourquoi je pense que ceux qui ressentent le besoin de modifier la graphie créole ne doivent pas viser un conflit des graphies mais au contraire partir de ce que la graphie GEREC-F a autorisé de plus beau, de plus salutaire dans une perspective unitaire. "
Ès politik Gerec jòdijou kon avan? Poutji yo kréyé an grafi ki pa ni ayen pou wè épi ta Ayisyen a oben ta Gwadloupéyen an. Gadé ki mannyè Hector Poullet (Gwada)ka matjé kréyòl la. Poutji i pa ka sèvi ta Gerec2 a?

Grafi Gerec1 sé tala pou nou sèvi pou koumansé linité lékriti a.
Annou voyé kreyòl douvan douvan
granpapoo
100 Posts
100 Posts
Messages : 147
Inscription : mercredi 06 juillet 2005 18:34
Localisation : france métropolitaine

créoléoduc (3)

Message par granpapoo »

Granpapoo veut construire un "créoléoduc" pour relier la Martinique et la Guadeloupe(3)
Le "créoléoduc" n'est pas le créole mais juste son vecteur, autrement dit la "graphie créole". Il importait, cependant , de préciser mon rapport à la langue, y compris à ses néologismes, dans la perspective d'un renouvellement du rapport à sa graphie. C'est dans ce cadre qu' il m'est arrivé d'affirmer que la graphie GEREC-F avait permis à mes deux créolistes "préférés" de faire oeuvre utile et oeuvre commune. J'avais, ce faisant, précisé que je souhaitait une lecture "active" et "créative " de cette oeuvre. La cohérence m'impose, à présent, une lecture "active" et "créative" de leur graphie.
Or, à ce stade de la réflexion, il ya un mot qui pose problème et c'est le mot "sitiyasion". Je dirais pour filer la métaphore du "créoléoduc" qu'il n'est pas "conducteur", et ce pour deux raisons :
Premièrement le phonème[j] est rendu d'abord par /y/ (sitiyasion)
puis par /i/ (sitiyasion).

Deuxièmement, dans ce même mot le graphème /i/ correspond deux fois non au phonème [j] mais au phonème [ i ] (sitiyasyon).
Le mot "sitiyasion" résume l'ambivalence complexe de la graphie GEREC-F :
Un même phonème peut avoir deux graphèmes et parmi ces graphèmes l'un d'entre eux peut relever de deux phonèmes différents ! Cela ressemble a un gag !
Dans l'ouvrage de Jean Bernabé publié en 2001 aux éditions IBIS ROUGE et intitulé La graphie créole, nous trouvons p.37 un embryon d'explication : "Par contre, la variante /i/ peut être retenue en position intérieure pour le créole parce qu'elle permet à la graphie de cette langue d'être dans une certaine continuité avec celle du français."
Ceci implique que , nous, créolophones martiniquais, devons accepter d'écrire le phonème[j] avec un /y/ dans "kay" mais avec un /i/ dans "pié" uniquement dans l'espoir de conserver une certaine continuité avec l'orthographe française !
En fait, la graphie du mot "sitiyasion" est l'indice d'une graphie GEREC-F clivée qui emprunte dans certains cas un système de correspondance bijectif mais qui dans d'autres a recours à une étymologie experte. Ainsi, dans "sitiyasion" les deux premières syllabes appartiennent à un système graphique simple comparable à celui de l'Allemand, de l'Espagnol ou du Créole haïtien (siti) tandis que les deux dernières syllabes relèvent d'une correspondance complexe à la française (yasion). Un tel système, à la fois simple et complexe est structurellement instable.
(A suivre... pour le stabiliser !)
granpapoo
100 Posts
100 Posts
Messages : 147
Inscription : mercredi 06 juillet 2005 18:34
Localisation : france métropolitaine

créoloduc(4)

Message par granpapoo »

Granpapoo veut construire un "créoléoduc" pour relier la Martinique et la Guadeloupe(4)
Contrairement à d'autres je n'accuse pas le GEREC-F d'être responsable de l'état d'instabiblité de la graphie créole. Je pense qu'il a été la première victime d'une "sitiyasion" dont la véritable responsable est la diglossie, autrement dit la coexistence inégalitaire de deux langues dont l'une est parfaitement outillée tandis que l'autre est parfaitement oubliée.
Derrière les critiques qui n'ont cessé de pleuvoir sur la graphie initiale du GEREC comme sur celle qui est en vigueur aujourd'hui se profile, au delà du désir légitime de contribuer au débat celui, ethnocidaire, d'interdire au créole de devenir une langue écrite.
Le GEREC, alors qu'il faisait son travail, s'est trouvé tiraillé entre ceux qui le critiquaient en lui reprochant une graphie illisible ( parce qu'elle ne ressemblait pas au français) et ceux qui, au nom du marronnage, lui reprochaient une graphie trop proche du modèle français ! Comment avancer sereinement dans ce contexte ?
Le mérite du GEREC et d'avoir osé dans le prolongement de l'oeuvre d'Hector Poullet, de Raphaël Confiant ou de Monchoachi ECRIRE EN CREOLE. Qu'ils aient écrit bien ou mal importe peu : Ils ont osé écrire des textes magnifiques et c'est là le principal.
Certains s'imaginent qu'ils écrivent dans ce que j'appelle la graphie E (autrement dit la première graphie du GEREC, celle qui précéda la graphie F) qui s'illusionnent. Autrefois, en effet, les palatales martiniquaises étaient graphiées /tch/ et /dj/ puis d'autres propositions ont émergé et été testées comme celles du binôme /tÿ/ et /dÿ/. Le binôme /tj/ et /dj/ doit beaucoup au GEREC-F !
Pour sortir de l'instabilité graphique il faut accepter de basculer soit du côté de l'étymologie, soit du côté de la corespondance graphème/phonème. Très pragmatiquement il faut accepter soit décrire "sitiyation", soit d'écrire "sitiyasyon".
Le premier mode de "palanquage" ou palanquage étymologique a longtemps semblé présenter le double avantage de s'inscrire dans l'histoire "naturelle" du créole et de concerner tous les "créoles à base lexicale française". Nous verrons dans ma prochaine contribution pourquoi il conduit à une "impasse" !
Le deuxième mode de palanquage s'appuie, au contraire, sur la correspondance bi-univoque graphème/phonème : Il est la véritable base de discussion pour faire avancer la graphie créole, à condition de ne pas tomber dans le piège de la division.
Il est certain que le problème n'est pas simple puisque nous disposons potentiellement de quatre graphies :
- la graphie E (ou graphie GEREC traditionnelle)
- la graphie F ( ou graphie GEREC-F)
- la graphie G (ou graphie GEREC guadeloupéenne) et
- la graphie H (ou graphie à la haïtienne).
Mon espoir réside en ce que lorsque nous aurons compris
premièrement que la piste étymologique est une impasse
deuxièmement que toutes les graphies GEREC sont instables et
troisièmement que la graphie H peut nous permettre d'améliorer la lisibilité du créole martiniquais pour les Guadeloupéens et inversement, nous aurons remporté une victoire dans le conflit qui nous oppose à la diglossie.
(A suivre donc...MANMAY-LA PA DI MWEN SE KOURAY LA KI TJE'W !)
granpapoo
100 Posts
100 Posts
Messages : 147
Inscription : mercredi 06 juillet 2005 18:34
Localisation : france métropolitaine

créoléoduc(5)

Message par granpapoo »

Granpapoo veut construire un "créoléoduc" pour relier la Martinique et la Guadeloupe(5)
La piste de l'étymologie, en ce qui concerne le créole, est une fausse piste. Elle est "has been". Jean Bernabé écrivait dans "La graphie créole" : "Une fois admise l'impasse que représente le système étymologique..." (p 71). Il avait raison car la graphie étymologique est un héritage...des différents statuts infériorisants du Créole.
Citons pour commencer le statut infamant de petit-nègre(wanniwanna), puis celui de baragouin (kourivini comme on dit en Louisiane) qu'il a partagé avec la langue celte de Bretagne, ensuite celui de français régional et/ou d'Outre-Mer, rebaptisé patois(patwa) et qui fut celui de toutes les langues régionales et/ou minorisées de l'Etat Français, enfin celui de langue orale qui impliquait que le créole ne s'écrivait pas (ou alors à la française) !
Tout cela c'est du passé mais le cadre nouveau défini par le couple créolophonie/francophonie n'est pas exempt de mauvaises surprises : La langue créole est trop facilement comparée au joual ou au cajun. Or, cette vision du créole est totalement erronée (pyepoutèt). Le Créole n'est pas la langue des colons français évoluant loin de leur métropole d'origine. Le Créole est, au contraire, une création d'Africains déracinés et l'héritage de leurs descendants métis et marrons...
Si tel est le cas me direz-vous pourquoi vous obstinez-vous à parler de Créole français ? Je parle de Créole français tout simplement parce que le Code Noir interdisait aux esclaves leurs langues et cultures d'origine. D'où l'obligation de parler un certain français, d'où surtout les deux faux départs du Créole :
- le pidgin français utilisé par les négriers et qui était un outil linguistique rudimentaire,
- l'africanisation de ce pidgin français qui fut initialement hétérogène parce que les Africains déracinés parlaient différentes langues africaines.
Le vrai départ du Créole tient à la volonté des Marrons de créer une langue unifiée qui puisse servir de moyen de communication avec la population asservie :
- la sémantique de cette langue était négresse-marronne
- le lexique était à dominante française
- quant à la syntaxe elle relevait d'un compromis, d'une hybridation, d'une création permanente, qui caractérise les processus dits de créolisation.
Chaque communauté créole a vu naître et se développer une langue créole qui est devenue sa langue nationale, sauf les communautés des D.O M, qui évoluant dans le cadre de la République ne peuvent prétendre qu'au statut de langue régionale.
L'heure est au pan-créolisme mais j'aurais tendance à distinguer le pan-créolisme minimaliste qui considère que le Créole transcende les créoles et le pan-créolisme maximaliste qui considère qu'il faut tendre vers un Créole unitaire, aboutissement d'une nouvelle vague de créolisations convergentes. Ce créole unitaire n'abolit pas les créoles communautaires il les accomplit.
Je pense que ce Créole Unitaire est le rhum nouveau qui fera éclater toutes les vieilles barriques étymologiques ou pas !
(A suivre...et à votre santé ! )
granpapoo
100 Posts
100 Posts
Messages : 147
Inscription : mercredi 06 juillet 2005 18:34
Localisation : france métropolitaine

créoléoduc (6)

Message par granpapoo »

Granpapoo veut construire un "créoléoduc" pour relier la Martinique et la Guadeloupe(6)
Le système graphique créole doit obéir à sa propre logique, sans se soucier d'étymologie. La proximité lexicale entre la langue française et la langue créole ne doit nous empêcher ni de réfuter la thèse de la graphie étymologique ni d'étendre notre critique à son ombre portée sur la graphie GEREC-F, à savoir le principe d'une certaine continuité avec l'orthographe française.
Pour s'en convaincre, il suffit d'examiner la graphie de la langue anglaise dont le lexique emprunte pour moitié à ce que nous pouvons appeler, pour aller vite, le français. Or, viendrait-il à l'idée de qui que ce soit de demander aux anglophones d'écrire non search mais serch pour affirmer une "légitime" continuité avec la langue française, idem pour mount qui deviendrait mont ou vanquish, vaincuich alors qu'il n'y a pas de reason valable d'adopter pareil raisonnement ?
De plus, il convient de combattre la croyance en une étymologie française unique et indiscutable : Considérons , par exemple, le mot créole qui signifie "coq de combat", si nous en recherchons l'étymologie il faudra l'écrire "coq-game" ! Pour tous les mots d'origine anglaise (non francophone) devons nous agir de la sorte ? Et pour les mots qui sont à la fois d'origine française et anglaise que faire ? Faut-il écrire "i pati" (sur le modèle de "il est parti" ou "he pati" (sur le modèle de "he left") ? Que faire des mots d'origine espagnole ou d'une autre langue ? Que faire surtout des mots d'origine inconnue ? Comment écrire les mots d'origine amérindienne, sachant qu'ils nous sont parvenus sous une graphie française comme "carbet" ?
Comment arbitrer les conflits d'étymologie ? Jean Bernabé, par exemple, interprète "tonbé léta" s'évanouir comme l'expression littérale de "tomber état" (p69 de La graphie créole ). Or, ma grand-mère paternelle prétendait, au contraire, que "tonbé léta" venait de l'ancien français "tomber létal" du latin letalis mortel. Faut-il écrire "tomber léta" ou "tomber l'état" pour respecter l'étymologie ?
Choisir la continuité avec la langue française c'est choisir de se trouver au prise avec des étymologies multiples, dont celles de langues mortes comme pour le latin "forum" ou le grec "pharmacie". Comment ne pas voir que c'est choisir la complexité et donc prendre le risque de tomber sur de faux amis !
Le dictionnaire Robert prétend, par exemple, que "doudou" vient du redoublement de l'adjectif "français" "doux". Et si c'était faux ? En créole martiniquais l'adjectif qui correspond à "doux" n'est pas "dou" mais "douce". Le redoublement de l'adjectif donnerait donc "douce-douce" ! Et si le mot était d'origine africaine et signifiait "ce qui nous est propre"et/ou "ce que nous chérissons" ? Mon/ma dou-dou serait dans cette perspetive "la chair de ma chair", "la sang de mon sang", "l'Amour de ma vie".
Voilà, je ne reviendrai plus sur cette dimension du problème graphique créole (à part lorsque j'ouvrirai mon module phonologique). Je prône entre la graphie créole et l'orthographe française une certaine discontinuité.
"Emancipate yourself from the mental slavery
None but ourselves can free our minds." BOB MARLEY Redemption song
TO BE CONTINUED...
kenn
100 Posts
100 Posts
Messages : 155
Inscription : mardi 10 avril 2007 17:01
Localisation : CANADA

Message par kenn »

Granpapoo

sa-a se pa ti travay ou ka mete sou sit-la ba nou . An jan ou ka expoze tout lo bann ide 'w asou lanng kreyol-la , m'annik gen pou mon di : on chay bravo !

M'apresie anpil mannie , nou finn koumanse ka expoze kestion ortograf-la , se pa bann kestion ki finn ka fasil pou expoze , me i neseser pou nou poze y , i neseser pou nou koze asou yo , mon p'ape rajoute anyen an plus ba sou sa ou finn mete ya, ki se on kockennchenn travay, ki finn ja bay on bon koumansman

tchenbe red
KENN
granpapoo
100 Posts
100 Posts
Messages : 147
Inscription : mercredi 06 juillet 2005 18:34
Localisation : france métropolitaine

créoléoduc (7)

Message par granpapoo »

Cher Kenn
Je te remercie encore une fois pour le soutien sans faille que tu nous apportes et que j'apprécie au plus haut point. Je pense que tu ne seras pas déçu par ma contribution d'aujourd'hui car tu verras comment je tente de faire entendre la voix d'Haïti !

Granpapoo veut construire un "créoléoduc" pour relier la Martinique et la Guadeloupe(7)
Dans une graphie créole il ne saurait y avoir "deux poids, deux mesures" : SA KI PA BON POU ZWA PA BON POU KANNA !
J'attire donc l'attention des créolophones et tout particulièrement des Martiniquais et des Guadeloupéens sur deux séries de phonèmes qui obéissent, en créole, au même algorithme :
- la série "o fermé", "o ouvert", "o ouvert nasalisé" et
- la série "é fermé", "è ouvert", "è ouvert nasalisé".
En toute logique, ces deux séries acceptent, entre autres, deux séries de graphèmes :
- soit /o/, /ò/, /on/ et /e/, /è/, /en/
- soit /o'/, /ò/, /on/ et /é/, /è/, /en/
Or, ce qui est troublant c'est que toutes les graphies GEREC (E, F, G) pratiquent l'association "contre nature" /o/ et /é/ . Cherchez l'erreur !
Toutes ces graphies sont prises en flagrant délit d'alignement sur l'orthographe fançaise, qui, elle, a besoin de distinguer le /e/ du /é/.
CE BESOIN N'EXISTE PAS EN CREOLE :
La preuve nous disons "chimen" et non "chemin",
de même nous disons "finèt" et pas "fenêtre" ou
encore "difé" et pas "du feu".
Je demande donc à mes frères martiniquais et guadeloupéens de reconnaître que LES HAÏTIENS ONT PARFAITEMENT RAISON D'ECRIRE :/o/, /ò/, /on/ et /e/,/è/, /en/, choisissant la graphie cohérente la plus simple, la plus conforme à l'A.P.I et la plus efficace.
Si nous adoptions TOUS cette graphie à la haïtienne que j'appelle graphie H, nous affirmerions à la fois une certaine discontinuité avec l'orthographe française mais surtout une certaine continuité entre les graphies créoles, ce qui est une dimension essentielle de l'UNITE.
Du coup nous pourrions écrire :
"Palantje (Nina) Palanke (Gwada) Redresser
Ki moun adan nou ki pare pou palantje sitiyasion-an ?
Qui parmi nous est prêt à redresser la situation ? "


Qui parmi nous est prêt à préférer l'unité créole au fait de "jakorépéter" le modèle orthographique français ?
A bientôt et vive Haïti !
granpapoo
100 Posts
100 Posts
Messages : 147
Inscription : mercredi 06 juillet 2005 18:34
Localisation : france métropolitaine

créoléoduc (fin)

Message par granpapoo »

Granpapoo veut construire un "créoléoduc" pour relier la Martinique et la Guadeloupe( 8 )
Pour finir cette série d'articles je voudrais indiquer comment les Martiniquais et les Guadeloupéens pourraient romprent avec les graphies verticales et descendantes (du français vers le créole) pour opter pour des graphies horizontales et solidaires (du créole vers le créole).
Quand les linguistes martiniquais ont voulu transcrire les palatales ils ont d'abord écrit "tch" et "dj", puis se rendant compte que l'effet produit était l'inverse de l'effet escompté ils ont cherché à rendre visible la palatisation au moyen des binômes "tÿ"/"dÿ" puis "tj"/"dj". Cette évolution qui consiste à partir du français pour s'en démarquer par obligation, presque par gêne ne me convainc pas !
Je préfère comparer "créole" et "créole". Je préfère comparer "palantje" et "palanke". Du coup, je propose le graphème /tk/ en lieu et place du graphème /tj/ tout simplement parce que cette démarche rapproche les Martiniquais des Guadeloupéens. A ceux qui souhaitent "mettre davantage l'accent sur les ressemblances que sur les différences entre créoles" je propose d'écrire :
Palantke (Nina) Palanke (Gwada) Redresser
Kimoun adan nou ki pare pou palanke Gwadanina-a ?
Qui parmi nous est prêt à redresser la langue antillaise ?


Zandoli mande mabouya maye
Mabouya reponn non non
Zandoli mande mabouya maye
Mabouya reponn non non non


AWA ! JAKATA !
Kimoun adan nou ki pare pou reponn ANNOU ?

Ici, s'arrête cette série d'articles. Ici commence le "créoléoduc".
DÈYÈ DLO NI DLO
Répondre