64 - Man kontan di li ...

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Potomitan
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64 - Man kontan di li ...

Message par Potomitan »

21.5.2004

An gran bél méci,

Man kontan di li diktionè-w pas an ka trouvé lang nou a si telman bel.Sé an bel omage ou ka renn tout cé gran moun laé an bel cado pa sé ti moun nou a. Je suis aussi heureuse de faire découvrir à mes enfants ma culture, celle de leurs grands parents à travers des livres ( Titims, contes créoles), et le web rend cette découverte encore plus atractive. A quand des cours de créole dans les écoles? Les petits italiens, portugais ou arabes peuvent le faire. Il faut donner à tous les petits "negropolitains" les même opportunités pour qu'ils puissent se sentir membres à part entière de leur communauté quand ils rentrent au pays et pour mieux vivre ici .

J'ai la chance d'avoir des parents qui nous ont toujours parlé créole. Cela nous a permis de créer un lien entre les différentes générations. Mon arrière grand mère qui ne parlait pas bien le français, était très heureuse de pouvoir discuter avec nous.

Félicitations pour ce travail titanesque et merci d'en faire un ouvrage interactif où la participation de tous fait avancer l'édifice.

PLIS FOS !

Frédérique Galva-Giraud
Potomitan
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Message par Potomitan »

Il y a eu, dans l'émigration antillaise en France, une génération sacrifiée dont, par bonheur, vous ne faites pas partie: celle dont les parents ont émigré en France dans les années 60 par le biais du BUMIDOM (Bureau des Migrations de l'Outre-Mer). Sacrifiée linguistiquement, sacrifiée culturellement. En effet, ces migrants partaient avec le mythe de la France-El Dorado et s'imaginaient pouvoir donner un meilleur avenir à leur enfants nés dans l'Hexagone en les francisant au maximum. Pour ce faire, il fallait d'abord éviter que les enfants n'apprennent à parler le créole, le français étant le sésame de la réussite scolaire.

Si cette attitude a eu quelques bons résultats en matière d'ascencion sociale, force est de constater que l'immense majorité des petits "négropolitains", comme vous dîtes, est restée sur le bord de la route. Parler français ne suffit pas toujours à réussir socialement quand on est Antillais, Africain ou Arabe. Le pire c'est que bloqués dans leur société de naissance (en général, la banlieue), ces négropolitains ne pouvaient pas non plus rêver à une réintégration au pays de leurs parents, faute d'en connaître la langue et la culture.

C'est que notre société créole est contradictoire: elle est farouchement anti-créole tout en rejetant tout aussi farouchement les "étrangers" qui ne savent pas parler le créole. Dès qu'un Blanc parle un peu couramment le créole, il est facilement appellé "Chabin" à la Martinique et, par exemple, lors des émeutes de décembre 1959, sur la route de Sainte-Thérèse, à Fort-de-France, les émeutiers avaient dressé des barrages et s'en prenaient violemment à toutes les voitures conduites par des Blancs qui s'aventuraient dans le quartier (suite à l'assassinat par la police de trois jeunes Martiniquais). Eh bien des Békés (Blancs créoles) et des Métros (on disait "Békés-France" à l'époque) ont été sauvés parce qu'ils se sont adressés en créole à leurs agresseurs.

Donc un négropolitain qui revient au pays de ses parents et ne sait pas parler créole est automatiquement mis à l'écart. Sa couleur ne suffit pas ! Et son accent souvent parisien ("bwodé" dit-on en créole) agace au plus haut point les natifs. Autre contradiction puisque l'idéal linguistique de ces mêmes natifs est de parler "à la française"!

D'ailleurs, aujourd'hui, aux Antilles, troisième contradiction, il n'y a plus guère que les Békés à parler avec un accent créole prononcé!

Vous avez raison: s'il y a une tâche urgente dans l'émigration antillaise, c'est d'enseigner aux petits négropolitains la langue et la culture créoles. Comme les Juifs le font pour l'hébreu, les Arméniens pour l'arménien, l'arabe ou le berbère pour les Maghrébins etc...

Et là, il y a 2 possibilités:
  • dans les lieux où vit une forte communauté antillaise (Sarcelles, par exemple), les parents ont le droit d'exiger des chefs d'établissement du secondaire qu'ils instaurent le créole comme matière optionnelle. C'est un droit, pas de la charité.
    dans les lieux où les Créoles sont plus dispersés, ils peuvent se rassembler en association pour organiser des cours de langues et cultures créoles.
La communauté antillaise doit être celle qui possède, proportionnellement parlant, le plus grand nombre d'associations parmi les populations émigrées. Eh bien, à côté du bal-boudin, ces associations pourraient s'intéresser à la transmission de notre héritage linguistico-culturel. Quand je dis "les Créoles", je veux dire non seulement les Antillo-Guyanais mais aussi les Réunionnais, les Haïtiens, les Mauriciens etc... qui vivent en France. Toute action, à mon humble avis, menée sur une base mono-insulaire est d'emblée vouée à l'échec.

Pa moli !

R. CONFIANT"
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