60 - Mwen envi ou posé on kestion ...

Partage entre internautes
Répondre
Potomitan
Moderator
Moderator
Messages : 200
Inscription : vendredi 09 juillet 2004 16:18
Contact :

60 - Mwen envi ou posé on kestion ...

Message par Potomitan »

20.5.2004

Misyé CONFIANT

Mwen envi ou posé on kestion, es ou sav pouki tout kweyol "fwansé" (kweyol gwadloup, matinik, maurice, haiti, seychelles...) ka senb kon sa. Mwen ja posé kestion la sa a on lo moun mè pèsonn té kapab réponn mwen. Ti ni mèm dé moun ki méprisé mwen pou kestion la sa.

Pace kè, daprè mwen moun cuba pa ka plé mèm lang (kweyol espagnol) ké moun puerto rico é moun jamaik pa ka palé mem lang (kweyol anglè) ké moun trinidad.

Alow pouki on aysien ka palé presk mèm lang ki nou matnikè é gwadloupéyen.

Eséyé réfléchi asi kestion la sa.

Fos

Benji
Dernière modification par Potomitan le jeudi 09 septembre 2004 19:36, modifié 1 fois.
Potomitan
Moderator
Moderator
Messages : 200
Inscription : vendredi 09 juillet 2004 16:18
Contact :

Message par Potomitan »

Sé an kèsion ki red toubolman ou ka pozé la-a ! Sa ka fè pres dé siek ki langis ( = linguistes) ka mandé yo ki koté kréyol-la sòti.

Ce qu'il faut savoir, pour faire court, c'est qu'il existe deux grandes théories à ce sujet : celle de la "monogenèse" des créoles et celle de la "polygenèse" des créoles. La première (d'où "mono") affirme que tous les créoles auraient une seule et même origine, un pidgin afro-portugais parlé dans les comptoirs établis par les Portugais le long de la côte Nord-Ouest de l'Afrique (le Golfe du Bénin) aux 15è et 16è siècles.

En effet, les Lusitaniens furent les premiers Européens à explorer l'Afrique noire, à y fonder des établissements durables et bien sûr à pratiquer le commerce des esclaves (avec parfois la complicité de certains chefs africains). Ils furent donc les premiers, et longtemps, les seuls fournisseurs d'esclaves aux autres puissances européennes (France, Angleterre, Hollande etc...) quand ces dernières s'installèrent durablement dans le Nouveau Monde au début du 17è siècle.

Comme vous le savez sans doute, les voyages transatlantiques n'étaient pas, à l'époque, une partie de plaisir. Ils prenaient entre 1 mois et demi et 2 mois selon l'état de la mer et des vents. Si bien qu'il n'y avaient pas de voyages tous les jours comme aujourd'hui et les esclaves étaient donc rassemblés dans des baraquements où ils croupissaient des mois, voire des années avant de partir pour les Amériques. Dans ces baraquements se retrouvaient entassés des peuples très différents, parlant souvent des langues non intercompréhensibles, cela sous la direction de contremaître portugais. Cette situation a donné naissance à un parler fruste, un idiome permettant d'affronter l'urgence communactive dans laquelle se trouvaient les uns et les autres: le pidgin afro-portugais.

Selon la théorie de la "monogenèse" donc, lorsque les esclaves étaient finalement vendus aux Amériques aux Français, Anglais, Hollandais etc...et installés sur les plantations de canne à sucre, ils se contentèrent de "relexifier" ce pidgin afro-portugais c'est-à-dire qu'ils conservèrent sa structure syntaxique en changeant simplement le vocabulaire selon le maître auquel ils appartenaient désormais. D'où l'étonnante ressemblance entre la plupart des créoles quel que soit leur lexique.

La deuxième théorie ou "polygenèse" affirme au contraire que les créoles n'ont pas une origine commune mais que chaque créole est né à part, de son côté si vous préférez, et que leur ressemblance est dû au fait qu'ils sont apparus au sein d'un système socio-économico-culturel similaire à savoir :
  • des territoires soit insulaires soit enclavés (Guyane, Louisiane etc...)
    des maîtres blancs et des esclaves noirs.
    un système social fondé sur l'esclavage.
Evidemment, il ne m'est pas possible de faire de longs développements ici. Je vous recommande les ouvrages et articles d'Albert Valdman, Claire Lefebvre, Jean Bernabé, Mervyn Alleyne, Denis Solomon, Lawrence Carrington, Ralf Ludwig etc...tous éminents créolistes.

S'agissant des territoires français, il faut savoir que les premiers colons ne parlaient pas français mais des dialectes d'oïl (normand, poitevin, picard etc...) et qu'ils ne disposaient pas d'une langue unifiée, standardisée, qu'ils auraient pu facilement imposer à leurs esclaves noirs lesquels parlaient eux aussi une multitude de langues. D'où une situation d'insécurité linguistique qui, pendant les 50 premières années de la colonisation (1625-1675/80) a favorisé l'émergence d'une langue nouvelle, le créole. Ce créole s'est ensuite différencié en dialectes: l'haïtien, le martiniquais, le guyanais etc...

Quand on examine les textes écrits en créole aux 18è et 19è siècles, en effet, on se rend vite compte que la frontière entre les dialectes créoles étaient beaucoup moins nette qu'aujourd'hui. Un seul exemple pour aller vite: dans "Les Bambous--Fables de la Fontaine travesties en patois créole par un vieux commandeur" du Béké martiniquais François Marbot (1846), on trouve des lexèmes qui, aujourd'hui, paraissent aux Martiniquais actuels emblématiques d'autres créoles: le "tini" supposé guadeloupéen ou encore le "to" supposé guyanais. Or, chez Marbot, il y a souvent "tini" et "to" !

Man pé pa kontinié esplitjé bagay-tala davwè nou pa ni sifizanman plas pou sa. Si ou lé konnet plis bagay anlè kréyol, fok ou li sé liv-la ki moun GEREC-F pibliyé lakay édision Ibis Rouge. Gadé-wè anlè nich-twel yo a !

Pa moli !

Raphaël Confiant
Répondre