Traite Atlantique et programme scolaire dans les DOM

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abyan
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Traite Atlantique et programme scolaire dans les DOM

Message par abyan »

Bonjour à tous,
Je vis à genève en Suisse francophone et je souhaiterai savoir si l'esclavage et son histoire sont enseignés dans les programmes scolaires de l'école obligatoire dans les Antilles françaises.
Je suppose que l'état centralisateur ait intégré ce pan fondamental de l'histoire, surtout après l'adoption de la Loi Taubira, mais qu'en est il en réalité?
Quelqu'un aurait il une réponse pour moi ? et si oui, éventuellement des réf. bibliographiques ou une piste pour se renseigner auprès des Académies concernées.
J'envisage d'effectuer une recherche sur le sujet dans le cadre de l'Université de Genève, Faculté des Sciences de l'Education.
POur l'info, mon pseudo "abyan" veut dire "apprenti" en Yoruba, langue africaine parlée par plusieurs de millions de locuteurs de la Diaspora noire, particulièrement au Brésil et à Cuba.
Réponses ou non, je vous fait mes salutations amicales pour mes débuts sur Potomitan avec ce sujet, un site que je visite depuis plus d'une bonne année
:D
Abyan
zephyrin
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Re: Traite Atlantique et programme scolaire dans les DOM

Message par zephyrin »

Il eut été difficile que l’enseignement de l’esclavage ne soit d’actualité dans les Antilles Françaises, la loi Taubira porte principalement sur la reconnaissance de la traite négrière et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité et demande qu’il soit inscrit dans les programmes scolaires français, entre autres.

Toutefois, les Antillais n’ont pas attendu cette loi pour enseigner à leurs enfants ou aux élèves l’histoire de leurs ancêtres, personnellement et cela date de plus de 30 ans, c’est en CM1 et CM2 (ecole primaire) en histoire géographie que cet enseignement m’a été dispensé.

« L’esclavage » est omniprésent des les rapports des individus et entre les groupes raciaux, la Martinique est encore une société inapaisée à cause de ce passé traumatisant et de ce contentieux avec les békés

http://www.pyepimanla.com/pye3/histoire ... 6_010.html
(une association tous créoles a été créé afin de commencer à dialoguer entre les Békés et les afro-antillais)

Deux liens, de ceux qui sont contre

http://www.pyepimanla.com/pyepimanla-no ... eoles.html
http://www.madinin-art.net/socio_cul/gu ... _merci.htm

Ceux qui sont pour, et initié cette association vous retrouverez leurs articles sur : http://www.meetaw.com/

La Guadeloupe c’est un peu différent, il y a eut une révolution sanglante au 18 e siècle et les blancs furent massacrés, bcp se sont réfugiés aux Saintes ou en Louisiane et …..

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Regard sur la commémoration de l’esclavage en Martinique

Image

Le 22 mai 1848, quelques 60 000 esclaves de la Martinique se sont défaits de leurs chaînes, et de la servitude, donc le 23 mai 1848 ces êtres vécurent leur première journée d'hommes et de femmes libres.

22 mai 2006, entre ces deux dates, 158 ans se sont écoulés.

En souvenir ce jour, le 22 mai, est devenu à la Martinique le jour de la commémoration de l'abolition de l'esclavage.

Cette date commémorative est fériée en Martinique, suite à la promulgation de la « loi commémorant l'abolition de l'esclavage dans les DOM ", du 24 novembre 1983. »

Toutefois, l'obtention de cette date commémorative a été l'aboutissement d'une lutte politique ayant débuté dès les années 60, notamment avec la publication du manifeste : « La révolution anti-esclavagiste de mai 1848 » écrit par Armand Nicolas, professeur d’histoire et aussi membre du parti communiste martiniquais ( PCM ).

Cette parution avait eu pour effet de réintroduire dans la mémoire collective des Martiniquais, cette date et ainsi que tout un pan de leur histoire occultée par les autorités, qui entreprirent pour des raisons politiques de ne mettre en avant que le 27 avril, date à laquelle fut concédée aux Nègres l’abolition de l’esclavage ; décret devant être appliqué que deux mois plus tard aux colonies. Ce choix ne fut pas anodin, car il s’agissait de vanter ou de louer la bonté et l’humanisme de la république française, avec comme image phare l’abolitionniste Victor Schœlcher, qui désormais incarnait dans la Mémoire le libérateur des Nègres et le fossoyeur de l’esclavage, passant sous silence la révolte des esclaves, ayant contraint les autorités de l'île, à abolir l'esclavage le 22 mai 1848.

Dès lors, pour les partis politiques de la gauche martiniquaise, entre autres, le PCM (parti communiste martiniquais) d'Armand Nicolas, le PPM (parti progressiste martiniquais) d'Aimé Césaire, un mouvement revendicatif s'est amorcé pour instaurer cette date comme jour de la commémoration solennelle de l’abolition de l’esclavage.

Dans les années 70, ont rejoint ce combat pour la reconnaissance du 22 mai, les organisations syndicales comme la CSTM et des partis indépendantistes, tel que La Parole au Peuple » (devenu le MIM, mouvement indépendantiste martiniquais depuis), le GRS (groupe révolutionnaire socialiste) et le Parti du Combat Ouvrier.

En 1978, les maires des communes de gauche (Fort de France, le François, Rivière-pilote, Lamentin, Morne-Rouge, Macouba et Trinité) ont fait jouer leurs prérogatives municipales en utilisant la Journée du Maire [1] pour commémorer cette date dans leur commune respective.

En 1981, les commerçants de l'île ont pris l’initiative de baisser leurs rideaux et de fermer leurs portes et depuis 1984 le 22 mai est officiellement célébré en Martinique.

En 2006, soit 24 ans après on peut s'interroger sur la façon dont les Martiniquais s’approprient le 22 mai. Cette année, il y a eu des manifestations à foison, des expositions un peu partout dans l’île, un festival de bélè au Lamentin, un autre rendez-vous bélè à Schoelcher, une pièce de théâtre fut jouée à Case-Pilote, un déjeuner fut offert par l’association La Fraternité Africaine, d’où s’ensuivi un dépôt de gerbe à la place de Gorée à Sainte-Anne, pour honorer la mémoire des Nègres africains déportés, pour devenir esclave en Martinique.

Par ailleurs, des retraites aux flambeaux, des concerts et aussi des marches furent organisés, dont celle qui se déroula entre la commune du Prêcheur et celle de Grand-Rivière, qui accueillit la fin du 6ème « konvwa pou réparation ».

Ce «konvwa pou réparation» est une marche initiée par Le Mouvement International pour les Réparations, présidé par Garcin Malsa (maire de Sainte-Anne), qui associa à cette manifestation, une demande en réparation du préjudice engendré, comme ce qui a été reconnu par la République Française, comme étant un crime contre l'humanité : l’esclavage et la traite négrière.
En ce qui concerna la capitale de Fort-de-France, un rassemblement au tambour c’est tenu au Rond-Point du Vietnam Héroïque. Il y eut des marches aux flambeaux à Tivoli, Volga-Plage, une marche nocturne entre la Jambette et la Place de l'abbé Grégoire, des animations musicales à Dillon, un jogging matinal à Didier suivi d'un petit-déjeuner : « ti-nain lan mori [2] ».

Les principales festivités ont été proposées par la Région Martinique dans le cadre du «Gloryé 22 mé ». Dès le samedi 20, c'est tenue à l'Eco-Musée de Riviere-Pilote une série de concerts: « Les chants d'esclaves, chants de liberté ».

Le dimanche 21 et le lundi 22, les manifestations « Vini gloriyé 22 mé laréjion » ce sont déroulé a Cluny dans les jardins du Conseil Régional. En outre des spectacles musicaux, étaient proposés des expositions retraçant l'histoire de l'abolition de l'esclavage, des ateliers de démonstration sur la fabrication du manioc, de poterie, de vannerie et de tambour. Il y avait aussi un marché de produits locaux, et des lieux de dégustations.

Les enfant ne furent pas oubliés, puisqu'un espace «ti manmaÿ» leur fut attribué, avec des jeux traditionnels « chouval-bwa », manège de poneys, qui ont permis aux plus jeunes de participer eux aussi à la commemoration.

Pour ce qui concerne les célébrations officielles, cette année fut marquée par deux nouveautés :

- la première est l'adhésion pour la première fois de la droite martiniquaise aujourd'hui l'UMP aux manifestations du 22 mai, qui jusque-là s’était farouchement opposé.

- La seconde et non des moindres est la présence de békés comme celle de Louis de Lucy de Fossarieu et Roger de Jaham tant à Fort de France qu’au Diamant et qui s'opposent a toute idée de réparations et pour cause...
L’évolution de cette commémoration tend à transformer le 22 mai comme un jour à caractère festif et dansant. Des voix s’élèvent pour dénoncer cette dérive qui est jugée comme très éloignée d’un acte commémoratif, c'est-à-dire à la mémoire de nos ancêtres esclaves.

Par ailleurs, la participation des békés, héritiers des colons, arrière-petits-fils d’esclavagistes ont ébranlé plus d'uns. Pour certains, cette présence a été considérée comme normale, car les békés sont aussi des Martiniquais, mais pour d'autres, cela a été perçue comme incongrue et inopportune voire choquante.
Les Martiniquais ont massivement participé à cette commémoration, nulle doute que les prochaines seront du même acabit, voire avec plus de manifestations. Le 22 mai sera amené à prendre une dimension internationale avec la participation d’organisations émanant des pays africains et de la Caraïbe qui témoigneront de leur solidarité en raison d’une proximité historique, humaine ou géographique avec cette tragédie.
Emmanuelle Deschè

[1] Jour chômé et payé accordé aux personnels municipaux et aux écoles.
[2]Plat composé de banane verte et de morue salée.

source
http://www.pyepimanla.com/index_juin_juil_aout.html
abyan
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Re: Traite Atlantique et programme scolaire dans les DOM

Message par abyan »

Merci infiniment Zéphirin pour toutes des infos,
En rapport à celles-ci, de nombreuses lacunes sont ainsi comblées pour moi. Je prend le temps de plonger dans ton message et je reviens en fin de semaine, mais je voulais marquer le coup immédiatement.
cordiales salutations
Abyan
abyan
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Re: Traite Atlantique et programme scolaire dans les DOM

Message par abyan »

Bonjour Zephyrin,
J'ai pu enfin prendre le temps de décortiquer les nombreuses infos dans ta réponse.
Très riche, je réitère mes vifs remerciements.
Les deux points de vues opposés sont clairement exposés, j'ai eu la réponse à plein de questions dont je n'avais pas eu de réponse sur le Vol, site que j'aime beaucoup par ailleurs.
Il est vrai que ma connaissance des Antilles se limitait jusqu'ici à la Guadeloupe. Leur histoire est différente de la Martinique, puisque la majorité des Békés s'y sont fait raccourcir, les autres ayant filé à l'anglaise.
Fatalement leurs poids politique y est moins lourd.Vu qu'une tête pèse bien 15 % de la masse corporelle. :roll:
N'empèche, je ne comprenais pas ces pugilats sémantiques entre "Afro-centristes" et "Créoles", voire ceux qui avec une véhémence curieuse sont susceptibles d'affirmer leur indifférence à ces débats et je me suis ramassé quelques rateaux quand j'ai amené le sujet de l'art africain comme un haut fait civilisatoire de l'histoire de l'humanité et héritage matériel et immatériel appartenant aussi à leurs descendants vivant aux Antilles françaises. A la lumière des débats martiniquais, il me semble mieux comprendre les aspects passionnels liés à l'hisoire spécifique des Antilles.
Je suis très proche et assez imprégné par les cultures afro-brésiliennes ou afro-cubaines. Le sujet cité plus haut y est considéré comme relevant de l'évidence et comme sujet de fierté, mais leur histoire (Brésil et Cuba) est différente de la vôtre et l'intégration des cultures africaines de la diaspora fait partie des patrimoines nationaux
Ces vives réactions m'ont convaincu que le sujet de l'identité, non pas synchronique: actuelle et factuelle sur laquelle on construit son rapport immédiat au monde, mais diachronique, cad où l'identité se situe aussi dans un fil historique remontant à autant de générations qu'on puisse le faire, était un sujet très "chaud" aux Antilles, passionnel, et où les différents avis se manifestent avec pertinence dans les sites que dont tu a donné les liens, quelque soit le bord ou le pôle politique d'où ils émanent. Ceci me semble un effet symptômatique de la déconstruction opérée à fin d'asservissement depuis Louis XIII et visant à couper les liens avec les ancêtres, liens constitutifs de l'identité culturelle et cultuelle de l'esclave africain (Dans leurs cosmogonies, ces deux aspects sont confondus.)
Il me semble également que la construction des discours de différents protagonistes tend à accéditer la thèse qu'au delà des querelles, fondées à mon sens, les Martiniquais disposent de tous les éléments identitaires d'une proto-nation.
Mais cela reste juste une impression de métro
Meilleures salutations
Abyan
CHANTAL
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Re: Traite Atlantique et programme scolaire dans les DOM

Message par CHANTAL »

Toute quête identitaire est évidente quand les racines d'un peuple sont inconnues. Surtout si la filiation est intraçable à cause du déracinement brutal qu'à été l'esclavage de toute une nation. Et que bien des plaies, toujours ouvertes, continuent de saigner. Ce débat identitaire n'en n'est plus un s'il cache un crime encore plus grand: l'aliénation de toute une nation. Il serait temps que ce questionnement, ne concernant pas uniquement les petites Antilles et la créolité, soit porté au niveau de l'Europe, si ce n'est du Monde, et aussi l'heure de demander des comptes.

http://charlieenchaine.free.fr/?Le-Nouv ... t-du-Monde

Kimbé rèd, pa moli

Chantal
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