12 janvier 2010- 12 janvier 2012: deux ans

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kelita
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12 janvier 2010- 12 janvier 2012: deux ans

Message par kelita »

12 janvier 2010- 12 janvier 2012: deux ans, des blessures encore profondes qui peinent à se cicatriser


12 janvier 2010, une date marquée à l'encre noir dans les annales de notre histoire, un jour comme a l’ordinaire, comme tous les autres jours d’ailleurs, un mardi de la semaine. Chacun de son còté s’activait, vaquait paisiblement à ses occupations quotidiennes, sans se douter de rien jusqu’au moment ou cet après midi eut lieu ce puissant declic.

Un houlement, un grondement, un avertissement, un tremblement, survient ensuite des cris, des appels à l’aide! Au secours! On s’en souvient encore de cet instant comme si c’etait hier. Des edifices effondrées, une couche epaisse de poussiere s’elevant vers le ciel couvre la ville, la palnant dans une profonde obscurité.

Une ville en quelques secondes devenue meconnaissable, une ville fantòme. Des milliers de cadavres decapités, ensanglantés epparpillés ça et là à travers les rues, les parterres, les cours, les ruelles , les trottoirs, des morts de tous ages.

Haiti en ce douze janvier a connu encore les moments les plus douloureux de son histoire. Deveine! Damnation! Persecution! Malediction! Ne cessait-on de se lamenter. Est-ce donc le sort qu’on merite? Sommes-nous condamner à un miserable destine?

En plein jour sous nos yeux hébétés, nos regards se sont arrêtés pour ne plus voir, nos oreilles pour ne plus entendre. Nos esprits fissurés, assombris pour ne plus comprendre ce qui se passe, ce à quoi nous sommes confrontés et la realite se trouvait là en face de nous, on a du mal à mesurer les consequences graves qu’elle entraine et les causes qui en decoulent.

A gorge deployée, totalement desarmer, on crie, on pleure des torrents de larmes, notre coeur ne tient plus, on saigne au- dedans. On gemit, on prie, on supplie. Pitié! Pour nous, nation! Peuple miserable. Douleur, peine jalonnent les sentiers sinueux de notre existence de peuple qui a connu a travers le temps pas mal de persecutions.

La race noire déportée, enchainée sur ces bateaux pour être vendue a bas prix comme des animaux et utilisée comme des instruments. Tant de fois après la Crête a Pierrot, après Vertieres, après Butte Charrier, après 1804, après ces guerres, ces prouesses, ces exploits on continue à refaire les mêmes experiences marquant l’êre de l’esclavage du temps passé, a réemprunter les mêmes chemins à travers lesquels nos ancêtres ont marché de longues nuits à la recherche de ce qui fait la dignité de l’homme: l’honneur, le respect, la liberté.

Et nous, herittiers de ces gloires, a travers les vallées, les collines, dans nos mornes deboisées, on continue la marche effrenées pour deboucher enfin sur l’espoir mais sur la route constamment l’on se retrouve face a des entraves, un barrage qui nous tient en chemin, qui ralentit nos pas pourtant pressés, surs et assurés.

Nous avons tant de fois rêvé de lait et de miel, d’une amelioration, d’un mieux être mais l’on n’a droit qu’a du vinaigre et de l’absinthe amère.

Une purge à forte dose et l’on tient encore, debout, debout comme les murs de ces édifices qui ont resisté dans la mêlée, debout comme les pilonnes de ces eglises qui n’ont pas cedé, debout comme la croix de la Cathedrale qui n’a pas plié l’echine. Oui, nous sommes là plus que jamais encore debout aux yeux du monde à reécrire l’histoire, a marquer le temps avec nos sueurs, nos sangs.

Nous nous tenons forts, resistants sous les decombres de ces vestiges à crier au secours! Les deux pieds sur les bris de blocs à fouiller, chercher à sauver des vies. Nous sommes encore là n’ayant point sommeil, ne resentant point de fatigue, n’ayant point de crainte à ramasser avec esperance le reste de ce qui reste comme cette Defilé qu’on disait folle pour sauvegarder vivant et intact les morceaux en lambeaux de nos proches partis pour un lointain pays, là ou sans nul doute, il ne connaitront plus l’angoisse, le tourment, la misère, la persecution, l’humiliation. Tout ce qu’ici bas ils ont connu de souffrances et de peine.

Une cite devastée depuis plus de deux siecles, des luttes fratricides, des querelles ininterrompus, des interêts mesquins qui se defendent, l’injustice infligée à un peuple sans defense. Ce tremblement de terre durant son passage n’en a revelé qu’une parcelle, le reste est à decouvert et c’est plus pire encore que ce que l’on voit.

Voilà deux ans qu’une catastrophe à nulle autre pareille a semé le deuil dans la famille haitienne, et l’haitien qui vit encore sur cette ile menacée tour à tour d’effondrement, de disparition, de tremblement en fait encore dans son esprit l’experience des repliques qui en sursaut le reveille dans son sommeil, lui tapant sur les nerfs.

Un infini cauchemar, l’oubli n’est pas pour demain. On entend encore comme une cymbale sonore, une trompette retentissante les cris, les pleurs, les bruits qui partent, reviennent à nouveau pour nous secouer notre âme endormi, pour nous realimenter l’esprit.

Nous ne devons en aucun cas, sous aucun pretexte, nous laisser abattre, nous devons nous en defaire de ces images qui enfoncent beaucoup plus nos plaies, nous devons faire l’effort de nous entendre, nous redonner une autre chance. Nous devons nous tenir debout comme nos ancêtres pour continuer la lutte, mettre le bouchée double et s’il le faut le tripler pour bâtir, reconstruire la cité ensevelie sous les déchets, les decombres.

12 janvier ne doit pas nous laisser indifferent, il est plus que temps que l’on suit à la lettre les exemples tracés par nos ancêtres qui ont su jouer le jeu de si belle manière en faisant de la fraternité, la liberté et la democratie leurs armes de combat.

Ils ont sous le chaud soleil en été comme en hiver bêché, pioché outils en main pour nous donner en heritage cette terre, unir cette nation, ce pays qu’ils ont proclamé independant aux yeux des puissances colonialistes de l’époque, ce jour symbolique ou sur la place d’armes aux Gonaives, l’acte de l’independance fut lu par Boisrond Tonnerre.

Haiti est un pays riche d’amour, de richesse et d’histoire, c’est une terre benie que des envieux maudissent. Dans le passé on a affirmé et confirmé qui l’on est, dans le présent on essaie de nous faire comprendre ce que l’on est qu’en realité l’on n’etait pas et que l’on ne serait jamais car ils ont peur et cherche par tous les moyens fallacieux à nous empêcher de nous reaffirmer dans le future.

Mais on peut y arriver, malgré vents et marées, ouragan, tornade, tempête, inondation, erosion, tsunami, tremblement de terre et tout ce qui va avec. On y arrivera, surement, car l’avenir qui ce matin ou le soleil luit encore parrait sombre, incertain brillera un jour ,un soir parce que le future, notre future ne depend que de Dieu, seul et unique créateur du monde et des hommes.

N’etait-ce pas son aide, Haiti, cette perle d’hier aujourd’hui vilipendée, n’existerait plus sur la carte du monde, ce peuple noir à tort meprisé n’y serait plus. Le Coeur a ses raisons que la raison ne connait pas et notre raison à nous les haitiens c’est que rescapés du 12 janvier 2010 on vit encore, on existe encore, on espère encore, on rêve encore. Sous nos tentes, on y croit encore à un avenir meilleur pour ce pays, pour nos familles ,nos jeunes ,nos progenitures.

On ne veut plus faire de cette date un mythe, un jour dans le calendrier des dates sur lequel il faut constamment se lamenter. Nous devons le considerer comme une porte de sortie, un passage frayé au milieu de ce labyrinthe, une issue trouvée à travers une impasse ou ceux qui sont partis, vont pieds-nus cotoyer les côtes de nos rivages sablonneux ou leurs esprits en parfaite communion avec ceux de nos ancêtres vont continuer la bataille près de tous ceux et celles, grands ou petits, fils et filles de la patrie qui vivent encore sur cette Ile
Francesca
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Re: 12 janvier 2010- 12 janvier 2012: deux ans

Message par Francesca »

Merci Kelita pour le beaux texte, je l'ai ajouté à la page
http://www.potomitan.info/ayiti/seisme_2010-2012.php

Francesca
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