Conscience au cœur débout
Ainsi pense le vieux poète
Ainsi danse la réalité dans sa tête
Ainsi qu’il voit les choses
Vers ou poésie, roman ou prose
Quand je plane mes regards explorateurs
Sur la surface et les profondeurs
De l’univers fugace en vogue
Hélas! Je ne vois que la drogue
Qui retient l’homme dans sa dépendance
Du corps à l’esprit, en totale existence
Qui retient l’homme dans sa dépendance
De l’être à l’âme, en totale existence
Ni rire, ni pleurer, il faut comprendre
Disait Spinoza, vérité ou légende
Cité par René Depestre dans un quotidien
Pour commenter la malheur du peuple Haïtien
Hélas! La drogue de la jouissance
Jusqu’à l’extase de l’enivrance
Pouvoir! Convoitise d’une place conquête d’une place
Dicta!ourakes! rien que place pour laquelle tout s’efface
Pouvoir tètsankò, président fantoche
Le jouisseur ne vit que pour son ventre et sa poche
Drogué, sourd, aveugle, ivre dans sa jouissance
Il ignore peuple en souffrance de crise d’existence
Sur la place toujours des banquets, toujours des convives
Place de fête, les jouisseurs vivent et se ravivent
En haut au pouvoir on fait son mandat dans la célébration de la vie
En bas dans la masse le peuple vit dans le vide de la famine et de l’agonie
Aussi hélas! La drogue de l’imaginaire
Vide et labyrinthe d’un mystérieux univers
Où le peuple se perd en permanence
De tout son être, de toute son existence de toute son essence
Il réussit à tenir l’alarme de l’espérance
L’antidote à l’angoisse de la crise existentielle
Qui fait oublier malheur et causes, famine et maux
Toutan kou pa koupe, tèt espere mete chapo
Yon jou pou chasè, yon jou pou jibye
Yon jou na bon, tout sou kont papa Bondye
Si van pa vire pilon, yon jou fòk sa chanje
Jou ale jou vini, yon you na rive
L’espoir apaise, certes, l’angoisse existentielle
Mais il ne jette pas le mal à la poubelle
L’homme s’exile dans le fond de l’imaginaire
De mal au pire, le mal de l’homme enfonce dans la chimère.
L’exil imaginaire grâce à l’antidote fait dormir
Mais parfois crée des fantômes qui font peur et tressaillir
Le fantôme des esprits maléfiques, malfaisants
Waminui, baka, galipòt, katgore, sousoupannan
lougarou, vennvendeng, sanpwèl, blennde, frize
des méchants qui circulent la nuit pour manger, tuer, dévorer
Le fantôme du mauvais sort, du mal surnaturel
Qui fait la maladie est l’œuvre d’un criminel
Que l’homme mange l’homme, l’homme tue l’homme par magie
L’homme transforme l’homme en animal bœuf, cheval ou zombie
Le fantôme guerrier du mensonge du mythe, du vide, de la fiction
Qui fait vivre l’être dans l’antre nocif de la peur ou de la superstition
Qui porte l’esprit à opter pour œil pour œil, mal pour mal
Règne immoral de la vengeance, règne de violence infernale
La croyance dans le mal surnaturel
Fictive, mensongère et irrationnelle
Plonge les hommes un océan de divisions
Confiance cède la méfiance, obstacle à l’union
Refus à notre devise : l’Union fait la force
Méfiance rend impossible que l’union s’amorce
Notre force s’estompe pour se convertir en faiblesse
Nous voici sur l’autoroute expresse de la détresse
Encore hélas! La drogue de l’émotion
Qui enferme l’homme dans sa prison
Où tout événement se vit dans l’émotion agitée ou calme
Où la réalité se vit dans l’effluve éruptif du cœur et de l’âme
L’âme et le cœur exposent leur fiel en une chevrotante vibration :
Plainte, complainte, jérémiade, consternation, lamentation
Affliction, désolation, imploration, indignation, apitoiement
Chialer, rechigner, regimber, gémir, pâlir, un univers de tourments
On reste seulement à s’apitoyer sur lugubre sort
Sans décider de prendre même les moyens du bord
Pour agir sur la course rapide de la réalité
Dans l’optique d’une emprise sur le train de la destinée
Le monstre cruel du présent dans sa rigueur affaisse
Et l’on recourt à l’émotion qui vibre et confesse
Parfois c’est le fantôme du passé qu’on réveille
Pour parler du jadis, d’antan, du temps des merveilles
Hé bien oui! Le fameux fantôme de la nostalgie
Par laquelle on condamne le présent dans le déni
On se branche sur la passé couvert ou digne de gloire
Qui rapporte les exploits, les bons moments de victoire
On se raffole des exploits mielleux de la jeunesse
Apportant au cœur, à l’âme une baume de caresse
Ainsi on parle de l’Haïti florissante de la Perles des Antilles
Où l’ensemble de ses étoiles brillent, constellent, scintillent
Pour nous sortir Haïti de l’antre du malheur, du fond du trou
Il faut à chaque Haïtien une conscience au cœur débout
Pour faire ensemble le grand voyage avec détermination
Effort, courage et boussole, vers une même destination
11 juillet 2009
Haïti chérie, bon voyage et bonne chance
Haïti, vous qui traversez
le présent de la vie
le présent de la société
le présent du monde
le présent de l’humanité
à cloche pied clopin clopant
au pas et au rythme
de cendrillon de valet
de voyou du vieux vieillard
sous un soleil de plomb sur un sol chaud
de la persona non grata
de l’opprobre de la fatalité
au temps creusé d’une digue historique
dans l’espace fragile et incertain
de la déshérence politique à la déchéance nationale
république des chimères du néant ou du vide
politique du ventre et du bas ventre
rendevou arebòtab la kote gato ap separe
granmanjè kap bwè kola granmanjè
pran plezi anbativant bèl nègès bèl milatrès bèl grimèl
pouvwa tètsankò pouvwa kòsantèt
dépendant de l’aumône internationale
Haïti, n’était ce pas vous l’âme noire
Qui traversait le chemin du passé
Le chemin du monde et de l’humanité
Au pas et au rythme
De la bravoure, de l’intrépidité, de la témérité
De la vaillance, du courage, de l’enthousiasme
De la constance et de la persévérance imperturbable
Dans l’honneur, la gloire, le mérite, la grâce
Haïti, Perles des Antilles à l’égal d’un empire
Haïti première république noire du monde
Cacique Henri, Mackandal, Boukman
Germes précurseurs de la résistance et de la révolte
Toussaint Louverture le premier des Noirs
Jean Jacques Dessalines le père fondateur de l’Indépendance haïtienne
Henri Christophe le roi bâtisseur, le civilisateur
Alexandre Pétion le père fondateur de la Première noire du monde
Haïti, pays de valeur, de rêve, d’idéal, d’aspiration
Ô liberté ou la mort, Ô vivre libre ou mourir
Ô Liberté Ô Égalité Ô Fraternité Ô Indépendance
Ô L’union fait la force
Ô constitution 1987 Ô Démocratie
Combien de temps gaspillé en vain
Dans le mouvement de la retro-action de la vie
Au back du decrescendo de l’entropie de la mort
Abraram di sètase! C’est l’heure de repartir de décoller
Dans le mouvement de la pro-action
Pour le grand voyage à la conquête du grand rêve haïtien
Afin de redéfinir Haïti et de nous resituer
Sur la scène de la vie, du monde et de l’humanité
Vwayaj la pa enposib, se chemen an ki long
Chemen déjà trase ki bay direksyon ak destinasyon
Avèk pasyans e jefò na rive wè trip foumi
La seule chose qui nous manque c’est de la volonté
Nous avons tout ce qu’il faut pour réussir
Carte, boussole, passion et ressources en quantité
Ô Haïti chérie, bon voyage et bonne chance
30 juin 2009