Ce que Darcos pense des créoles
Publié : dimanche 22 mars 2009 17:58
J'entretiens un lbog sur la la langue occitane. A ce titre j'ai lu un ouvrage collectif qui rassemble des actes d'un colloque qui s'est tenu à Périgueux en 2001. Darcos qui était maire de cette ville y est intervenu. Ce qu'il dit des créoles est ahurissant, et personne ne semble l'avoir relevé jusqu'à présent (le livre en question à en juger sur la toile, ne semble avoir guère fait parlé de lui).
Je vous copie ici le passage de mon article qui cite et résume l'exposé de Darcos :
Où l’on découvre l’idéologie linguistique d’un ministre de l’Éducation Nationale
L’exposé de Xavier Darcos (« Quel statut pour les langues régionales dans le système éducatif français ? »), quant à lui, est assez ahurissant. Il s’agit d’une sorte de conversation à bâton rompue, sans doute saisie à partir de l’enregistrement, très verbeuse, frôlant parfois l’incohérence et trahissant plus d’une fois une connaissance plus qu’approximative du sujet . Ce Discours, tout en portant l’occitan au pinacle, vise en substance à montrer qu’en matière d’éducation au moins, on ne saurait faire pour lui ce qu’il mériterait. En effet – logique imparable – il faudrait alors en faire autant pour des langues qui lui sont de beaucoup inférieures ! Car Darcos ne doute nullement qu’il existe une « hiérarchie » entre les langues, et il n’hésite pas à utiliser d’ailleurs le terme : « J’ai commencé par l’Occitan en le mettant en haut de la hiérarchie, une déférence hiérarchique ». Donc, fort de ces hiérarchie, un homme de bon sens aura envie de dire : « Va encore pour les langues d’Oïl, le Provençal [qui n’est donc pas de l’occitan pour Darcos ?], l’Alsacien et le Mosellan », mais « ça se complique évidemment lorsque l’on va vers des langues qui sont quasiment autochtones [sic !], des langues en particulier des régions, territoires ou départements français qui sont lointains, où là, il n’y a ni écriture, ni transmission orale claire ». Ni transmission orale claire : les territoires d’outre-mer, qui ont fait entendre dans les semaines passées leurs revendications économiques mais aussi culturelles, apprécieront… « Je pense en particulier à toutes les langues créoles de Guyane qui sont une grande difficulté pour que l’administration arrive à s’y repérer, particulièrement le créole, où l’on trouve des bases lexicales anglo-néerlandaises qui se sont compliquées de Portugais et d’Anglais… » (p. 171). La description n’est guère claire, ni soignée, on en conviendra, mais le créole mérite-t-il mieux pour notre inspecteur ? Fier d’avoir eu à inspecter la Guyane, comme il le dit, remontant le fleuve Maroni, il revint cependant de son voyage effrayé par ce qui lui apparut une belle cacophonie linguistique, d’où, explique-t-il, le « désarroi dans lequel se trouve l’enseignement primaire guyanais », non pas pour enseigner toutes ces langues barbares, mais – rassurons-nous – le français seul ! Il est pour le moins étonnant de retrouver pour la Guyane, dans la bouche d’un inspecteur appelé à devenir Ministre de l’éducation, les propos que l’on tenait jadis pour les campagnes françaises. Le mépris, à peine voilé pour ces lambeaux de créoles et autres parlures « quasi-autochtones », vaut bien en effet celui que le mot de patois suffit à évoquer.
L’occitan, nous explique l’alors maire de Périgueux, certes, ce n’est pas pareil ! « On a là un appareil littéraire, un appareil critique, une histoire, des cours, des seigneurs, des troubadours, une histoire littéraire qui fait que l’on peut dire : « Écoutez, lorsque l’on voit ce qu’est l’occitan, pourquoi ne serait-il pas intégré dans l’éducation française ? »». C’est raisonner sans compter avec tous les autres prétendants, pour inférieurs qu’ils soient ! Car voilà, si l’on dit « va pour l’Occitan, va pour le Mosellan, pour les dialectes Rhénans, il faut aussi dire, va pour les langues mélanésiennes, va pour les langues Guyanaises » (p. 171). Et alors, vous vous rendez compte ? – Pas très bien, mais d’autres que moi auraient eu tôt fait de crier purement et simplement au racisme ! Enfin, on aura compris qu’il s’agit de fournir des arguments pour justifier la création du moins de postes possibles en occitan, comme dans les autres langues, y compris par l’invention d’hypothèses absolument spécieuses : « Si demain au collège de Périgueux ou de Marmande, un élève demande à faire l’option lourde, à la place de l’espagnol faire le choix du breton ou d’une langue mélanésienne, nous aurons certainement des difficultés à trouver un professeur qui viendra assurer cet enseignement pour lui ». Mais voilà, il apparaît en gros que c’est la même chose pour l’occitan… en Occitanie même ! Notre limousin en est un brillant exemple. On ne peut tout de même pas généraliser l’offre et créer des sections en veux-tu en voilà ! Enfin, et je n’invente rien, notre politique se félicite de ce que, fort heureusement, l’on n’est pas ici dans la même situation que dans certains départements et territoires d’Outre-mer : là bas « il y une revendication politique extrêmement forte » [on s’en est encore aperçu, en effet !] : « Imaginez que vous disiez : en Guadeloupe, à partir de maintenant, on enseigne plus les langues créoles, vous repartiriez roulé dans le goudron et les plumes ! Nous sommes en face de quelque chose qui appartient à l’identité, à l’histoire, d’une manière tellement uniforme, unanime, qui organise tellement la pensée politique, l’idéologie locale, qu’il est hors de question d’y toucher » (p. 176). Donc, amis des langues de France – c’est le pouvoir même qui vous en fait la leçon – vous ne serez jamais entendu si vous ne politisez pas vos revendications ! Et s’il est un ministre qui a bien mérité le goudron et les plumes, c’est bien Darcos, et pas seulement pour sa politique en matière d’enseignement des langues ! Il est d’ailleurs assez étrange de se dire que l’on lutte depuis neuf semaines bientôt contre un adversaire au discours aussi misérable, qui n’est même pas à la hauteur de son cynisme.
l'article en entier http://taban.canalblog.com/archives/200 ... 85450.html
cordialement,
JP C
Je vous copie ici le passage de mon article qui cite et résume l'exposé de Darcos :
Où l’on découvre l’idéologie linguistique d’un ministre de l’Éducation Nationale
L’exposé de Xavier Darcos (« Quel statut pour les langues régionales dans le système éducatif français ? »), quant à lui, est assez ahurissant. Il s’agit d’une sorte de conversation à bâton rompue, sans doute saisie à partir de l’enregistrement, très verbeuse, frôlant parfois l’incohérence et trahissant plus d’une fois une connaissance plus qu’approximative du sujet . Ce Discours, tout en portant l’occitan au pinacle, vise en substance à montrer qu’en matière d’éducation au moins, on ne saurait faire pour lui ce qu’il mériterait. En effet – logique imparable – il faudrait alors en faire autant pour des langues qui lui sont de beaucoup inférieures ! Car Darcos ne doute nullement qu’il existe une « hiérarchie » entre les langues, et il n’hésite pas à utiliser d’ailleurs le terme : « J’ai commencé par l’Occitan en le mettant en haut de la hiérarchie, une déférence hiérarchique ». Donc, fort de ces hiérarchie, un homme de bon sens aura envie de dire : « Va encore pour les langues d’Oïl, le Provençal [qui n’est donc pas de l’occitan pour Darcos ?], l’Alsacien et le Mosellan », mais « ça se complique évidemment lorsque l’on va vers des langues qui sont quasiment autochtones [sic !], des langues en particulier des régions, territoires ou départements français qui sont lointains, où là, il n’y a ni écriture, ni transmission orale claire ». Ni transmission orale claire : les territoires d’outre-mer, qui ont fait entendre dans les semaines passées leurs revendications économiques mais aussi culturelles, apprécieront… « Je pense en particulier à toutes les langues créoles de Guyane qui sont une grande difficulté pour que l’administration arrive à s’y repérer, particulièrement le créole, où l’on trouve des bases lexicales anglo-néerlandaises qui se sont compliquées de Portugais et d’Anglais… » (p. 171). La description n’est guère claire, ni soignée, on en conviendra, mais le créole mérite-t-il mieux pour notre inspecteur ? Fier d’avoir eu à inspecter la Guyane, comme il le dit, remontant le fleuve Maroni, il revint cependant de son voyage effrayé par ce qui lui apparut une belle cacophonie linguistique, d’où, explique-t-il, le « désarroi dans lequel se trouve l’enseignement primaire guyanais », non pas pour enseigner toutes ces langues barbares, mais – rassurons-nous – le français seul ! Il est pour le moins étonnant de retrouver pour la Guyane, dans la bouche d’un inspecteur appelé à devenir Ministre de l’éducation, les propos que l’on tenait jadis pour les campagnes françaises. Le mépris, à peine voilé pour ces lambeaux de créoles et autres parlures « quasi-autochtones », vaut bien en effet celui que le mot de patois suffit à évoquer.
L’occitan, nous explique l’alors maire de Périgueux, certes, ce n’est pas pareil ! « On a là un appareil littéraire, un appareil critique, une histoire, des cours, des seigneurs, des troubadours, une histoire littéraire qui fait que l’on peut dire : « Écoutez, lorsque l’on voit ce qu’est l’occitan, pourquoi ne serait-il pas intégré dans l’éducation française ? »». C’est raisonner sans compter avec tous les autres prétendants, pour inférieurs qu’ils soient ! Car voilà, si l’on dit « va pour l’Occitan, va pour le Mosellan, pour les dialectes Rhénans, il faut aussi dire, va pour les langues mélanésiennes, va pour les langues Guyanaises » (p. 171). Et alors, vous vous rendez compte ? – Pas très bien, mais d’autres que moi auraient eu tôt fait de crier purement et simplement au racisme ! Enfin, on aura compris qu’il s’agit de fournir des arguments pour justifier la création du moins de postes possibles en occitan, comme dans les autres langues, y compris par l’invention d’hypothèses absolument spécieuses : « Si demain au collège de Périgueux ou de Marmande, un élève demande à faire l’option lourde, à la place de l’espagnol faire le choix du breton ou d’une langue mélanésienne, nous aurons certainement des difficultés à trouver un professeur qui viendra assurer cet enseignement pour lui ». Mais voilà, il apparaît en gros que c’est la même chose pour l’occitan… en Occitanie même ! Notre limousin en est un brillant exemple. On ne peut tout de même pas généraliser l’offre et créer des sections en veux-tu en voilà ! Enfin, et je n’invente rien, notre politique se félicite de ce que, fort heureusement, l’on n’est pas ici dans la même situation que dans certains départements et territoires d’Outre-mer : là bas « il y une revendication politique extrêmement forte » [on s’en est encore aperçu, en effet !] : « Imaginez que vous disiez : en Guadeloupe, à partir de maintenant, on enseigne plus les langues créoles, vous repartiriez roulé dans le goudron et les plumes ! Nous sommes en face de quelque chose qui appartient à l’identité, à l’histoire, d’une manière tellement uniforme, unanime, qui organise tellement la pensée politique, l’idéologie locale, qu’il est hors de question d’y toucher » (p. 176). Donc, amis des langues de France – c’est le pouvoir même qui vous en fait la leçon – vous ne serez jamais entendu si vous ne politisez pas vos revendications ! Et s’il est un ministre qui a bien mérité le goudron et les plumes, c’est bien Darcos, et pas seulement pour sa politique en matière d’enseignement des langues ! Il est d’ailleurs assez étrange de se dire que l’on lutte depuis neuf semaines bientôt contre un adversaire au discours aussi misérable, qui n’est même pas à la hauteur de son cynisme.
l'article en entier http://taban.canalblog.com/archives/200 ... 85450.html
cordialement,
JP C